paranoïa

Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».

Psychose caractérisée par un délire systématisé, en apparence cohérent, sans diminution des capacités intellectuelles.

La paranoïa apparaît le plus souvent chez des sujets prédisposés : surestimation du moi (orgueil, mégalomanie), rigidité psychique (méfiance, dogmatisme), erreurs de jugement dues à un raisonnement logique, mais reposant sur des a priori purement subjectifs. Le délire de la paranoïa se développe de façon cohérente, parfois plausible, suivant une série d'interprétations et de polarisations affectives : idéalisme passionné, jalousie, revendication pour un préjudice mineur ou imaginaire, érotomanie, etc. Ce délire finit par se constituer en système permanent et inébranlable, le fonctionnement de la pensée, de la volonté et de l'action demeurant clair et ordonné car le trouble paranoïaque ne touche qu’un « secteur de la pensée ». C’est ce qui le différencie du trouble schizophrénique (où toute la pensée est touchée) et de la maladie maniacodépressive (où le trouble de la pensée est temporaire).

Symptômes et signes

Le comportement du paranoïaque est revendicatif, combatif. Son désir de vengeance, associé à son sens de la justice, le conduit parfois à réaliser des actes antisociaux (agression) et presque toujours à s'enfermer dans un cercle vicieux persécuté/persécuteur en recourant aux autorités officielles. Il cherche fréquemment à convertir autrui à ses idées.

Traitement

Si toutes les tentatives d’évaluation et de proposition d’aide échouent, cette pathologie nécessite généralement l'hospitalisation, voire l'internement (hospitalisation sans consentement) du malade, surtout lorsque celui-ci désigne une personne précise comme son persécuteur. Il associe la prise de neuroleptiques pour une durée limitée et dans un souci d’apaisement (associée parfois à la prise d’antidépresseurs) à une psychothérapie non directive fondée sur la recherche des contenus émotionnels exprimés par le délire.

PARANOÏA SENSITIVE

Cette psychose, décrite par le psychiatre allemand Ernst Kretschmer (1888-1964), constitue une forme particulière de paranoïa, survenant chez des sujets vulnérables, scrupuleux, enclins au doute et dont la sexualité est mal assumée. L'accumulation des frustrations débouche sur un délire, le malade étant persuadé que son entourage le persécute. La paranoïa sensitive est vécue sur un mode dépressif : autodépréciation, sentiment d'impuissance, repli douloureux et angoissé du sujet sur lui-même. Cette affection se soigne en général très bien à l'aide de médicaments antidépresseurs associés à une approche psychothérapeutique.

Voir : psychose.