conseils pour les voyageurs

Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».

Ensemble de mesures à prendre avant, pendant et après un déplacement dans un pays tropical ou dans un pays où l'hygiène est défectueuse, et en particulier celles permettant d'éviter les affections parasitaires, bactériennes ou virales présentes dans ce pays.

Les recommandations concernant les vaccinations et les traitement préventifs, quand ils existent, changent continuellement. Il est nécessaire de consulter un spécialiste avant tout déplacement. Par ailleurs, une consultation médicale avant le départ est nécessaire non seulement chez tout patient ayant des antécédents médicaux ou porteur de maladie chronique, mais aussi pour évaluer son état de santé afin de compenser au mieux les risques par des mesures préventives.

Vaccinations

Il est indispensable, avant tout voyage de ce type, de prendre connaissance des maladies endémiques dans le ou les pays concernés afin de procéder aux vaccinations nécessaires auprès de son médecin ou d'un centre de vaccination, qui fourniront par ailleurs toutes les informations sanitaires utiles. C’est d’ailleurs une occasion de mettre à jour ses vaccinations usuelles, incluses dans le calendrier vaccinal de son pays.

Actuellement, seul le vaccin contre la fièvre jaune est exigé pour entrer dans certains pays en vertu de la réglementation de l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.) ; il est en fait indispensable avant tout voyage en Afrique et en Amérique intertropicales, même dans les pays où le certificat de vaccination n'est pas exigé. Il ne peut être administré que dans un centre agréé et doit être noté sur un certificat international de vaccination. En cas de contre-indication (sujet allergique à l'œuf ou immunodéprimé, femme enceinte, très jeune enfant, etc.), le médecin établit un certificat précisant les raisons de son abstention. Il n’existe pas de vaccin contre la dengue.

Le vaccin contre le choléra est d'efficacité courte et relative, mais exigé, parfois de manière imprévisible, par certains pays. Le vaccin contre la méningite est exigé en cas de pèlerinage à La Mecque. D'autres vaccinations sont facultatives mais vivement recommandées, comme le rappel ou la vaccination antityphoïdique, antitétanique, antipoliomyélitique et le vaccin contre les hépatites A (surtout chez des sujets de moins de 40 ans) et B. Le vaccin contre la rage est recommandé pour certaines destinations, notamment l'Inde.

Chimioprophylaxie

Elle concerne principalement la prévention du paludisme à Plasmodium falciparum (seul paludisme pouvant être mortel), indispensable dans toutes les régions intertropicales d'Afrique et d'Amérique du Sud et dans les zones de brousse des mêmes régions d'Asie. Elle consiste à prendre des antipaludiques (prise quotidienne ou hebdomadaire selon le produit utilisé) depuis le jour d'arrivée jusqu'à 1 à 4 semaines après le retour selon le produit utilisé. Cependant, selon le lieu et la durée du voyage ou d'éventuelles contre-indications, ces formules peuvent varier et il faut donc s'assurer avant le départ auprès d'un spécialiste de la prophylaxie à adopter.

Mesures individuelles d'hygiène

En avion, surtout sur des vols de longue durée, le système circulatoire est mis à rude épreuve : il est donc conseillé de bouger le plus possible et surtout de se lever souvent, d'éviter les chaussures, les ceintures et les cravates trop serrées qui entravent la circulation du sang. En cas de maladie veineuse, il est impératif de porter des bas de contention ; un traitement anticoagulant préventif peut également être nécessaire. Les maux de tête, fréquents, résultent de la pressurisation et de la déshydratation due à la sécheresse de l'air conditionné : ils peuvent être prévenus en buvant abondamment (environ un litre d'eau toutes les 4 heures). Pour limiter les effets du décalage horaire, deux attitudes sont possibles : soit, pour un voyage ouest-est, essayer de dormir dans l'avion afin d'arriver le plus en forme possible (dans ce cas, il est conseillé de prendre des hypnotiques à durée de vie courte, de façon que leurs effets aient disparu à l'arrivée), soit, pour un voyage est-ouest, résister au sommeil le plus longtemps possible, afin de s'adapter à l'horaire du pays d'accueil.

À l'arrivée, pour éviter les accidents dus à la chaleur, il est recommandé aux voyageurs originaires de pays tempérés d'éviter les efforts physiques intenses en milieu de journée et de saler largement les aliments (pour prévenir toute déshydratation) au début de leur séjour. En cas de transplantation brutale en altitude, il leur est conseillé d'observer un repos de 48 heures de façon à faciliter l'adaptation de leur organisme à un air plus pauvre en oxygène. Il est conseillé aux voyageurs de se munir, en quantité suffisante, des produits pharmaceutiques qu'ils utilisent habituellement (antidiabétiques, antiépileptiques, antihypertenseurs, pilule contraceptive, etc.).

L'hygiène alimentaire consiste à boire exclusivement de l'eau minérale ou des boissons encapsulées (si ce n'est pas possible, filtrer, faire bouillir ou désinfecter l'eau au préalable), à s'abstenir de consommer des glaces et des glaçons, du beurre cru ou non pasteurisé, des légumes crus, des fruits qui ne s'épluchent pas, des fruits de mer ainsi que des poissons et de la viande crus ou peu cuits. En outre, il faut employer de l'eau minérale pour se brosser les dents.

L'hygiène de la peau est capitale en climat tropical ; en effet, celle-ci y est plus fréquemment sujette à des infections bactériennes ou mycosiques dont la chaleur, conjuguée à l'humidité, favorise le développement ;

— protection contre le soleil : utilisation de crèmes filtrantes, exposition progressive aux rayonnements solaires, administration de vitamine PP, de chloroquine ou de bêta-carotène en cas de photo-allergie ; il est conseillé, dans les régions chaudes et sèches, de porter un chapeau léger, de couleur claire, qui protège des insolations ; en revanche, si le climat est chaud et humide, le chapeau n'est pas nécessaire et gêne l'évaporation de la transpiration du cou et du cuir chevelu ;

— protection contre l'humidité et la chaleur : bonne hygiène corporelle (douches, utilisation d'une poudre maintenant la peau sèche), port de vêtements amples, de couleur claire (qui réfléchit le soleil) et de préférence en coton (les étoffes synthétiques n'absorbant pas la transpiration) ;

— protection contre les maladies parasitaires dont la contamination se fait par voie cutanée (bilharziose, anguillulose, etc.) en évitant de marcher pieds nus dans la boue ou la terre humide ou de prendre des bains en eau douce, stagnante ou à faible courant (marigots, fleuves, lacs) ;

— protection contre les dermites dues au contact avec certains végétaux (bois exotiques, suc d'arbre, de plante ou de fruit) en évitant de manipuler ceux-ci sans précaution) ;

— protection contre les acariens (tiques, sarcoptes de la gale) ou les insectes (puces, punaises, taons, moustiques), qu'ils soient ou non vecteurs de maladies, à l'aide de moustiquaires, d'insecticides et d'insectifuges. La protection contre les piqûres d'anophèle (moustique), en zone d'endémie du paludisme à Plasmodium falciparum, constitue l'un des éléments essentiels de la prévention contre cette maladie grave.

L'hygiène sexuelle consiste à utiliser des préservatifs lors de tout rapport sexuel.

L'enfant en voyage

L'enfant en voyage



Un voyage en pays étranger, en particulier s’il s’agit d’un enfant, mérite d’être discuté et préparé avec le médecin traitant au moins 1 ou 2 mois à l’avance. Les voyages en pays tropical, surtout en condition précaire, avec un très jeune nourrisson sont à déconseiller et, si possible, à reporter. Il existe des lieux de consultation spécialisés dans les voyages, y compris en pédiatrie.

La prévention des infections. Elle passe par les vaccinations. Il est nécessaire de vérifier que le calendrier vaccinal est bien à jour pour les vaccins courants. Les vaccins plus spécifiques (fièvre jaune, typhoïde, hépatite A, méningite à méningocoque) sont à discuter avec le médecin en fonction du pays visité et de l’enfant (âge, antécédents).

La prévention du paludisme dans les pays concernés est indispensable, car les risques d’accès graves sont accrus chez les enfants. Les premières mesures consistent à éviter les piqûres de moustique en préférant des vêtements longs le soir et en plaçant sur le lit ou le berceau une moustiquaire imprégnée d’insecticide. On utilise également des lotions ou sprays cutanés répulsifs, mais la molécule doit être choisie en fonction de l’âge de l’enfant car certains produits ne peuvent pas être utilisés chez les moins de 2 ans.

Enfin une prophylaxie médicamenteuse adaptée au pays visité, au poids et à l’âge de l’enfant est prescrite par le médecin traitant avant le départ. Ces mesures ne sont pas infaillibles et toute fièvre pendant ou au retour du voyage ou tout malaise, même en l’absence de fièvre, impose une consultation en urgence.

Les diarrhées. Elles peuvent être prévenues par des mesures d’hygiène : utilisation d’eau minérale, de préférence, ou d’eau filtrée bouillie pour la préparation des biberons et pour la boisson, stérilisation des biberons, lavage des mains des adultes. En cas de survenue de diarrhée, il est important de s’être muni avant le départ de sachets de solutés de réhydratation orale et de connaître les signes de gravité de diarrhée.

Précautions générales. L’enfant ne doit pas être exposé au soleil et il convient de le protéger par des vêtements, chapeau, lunettes et crèmes solaires (écran total). On le protège également des « coups de chaleur » en le faisant boire régulièrement. Il faut éviter que l’enfant marche pied nu et se baigne dans les mares ou les rivières (transmission de parasites), qu’il joue avec des animaux (rage).

Le voyage en avion. Il peut être responsable de certains désagréments tel que le mal des transports ou des problèmes O.R.L. Les changements d’altitude, responsables de déséquilibres de pression de part et d’autre du tympan, peuvent entraîner une hypoacousie ou des otalgies auxquels les enfants sont plus sensibles et ce d’autant plus qu’ils sont jeunes (ils ne peuvent pas utiliser les mesures préventives comme mâcher du chewing-gum ou baîller). La succion d’une tétine ou la prise d’un biberon au décollage et à l’atterrissage peuvent alors remplacer ces mesures. Les voyages en avion sont cependant à déconseiller dans les jours suivant une otite.

Trousse de secours. Il n’y a pas de trousse type préétablie. Elle contiendra au minimum des sachets de réhydratation orale, un antivomitif, un médicament contre le mal des transports, un médicament contre la douleur et la fièvre en présentation pédiatrique (paracétamol), un thermomètre, un désinfectant cutané, des pansements et compresses, un répulsif anti-moustique, de la crème solaire, un désinfectant, de l’eau de boisson, un traitement antipaludéen lors d’un voyage en zone impaludée.

          

VACCINS CONSEILLÉS AUX VOYAGEURS

MaladieIndicationsEfficacitéRappel
CholéraDéconseillé par l'O.M.S.Protection incertaine pendant 6 moisPas de rappel
CoquelucheObligatoire dans de nombreux paysBonneRappel vers 18 mois, 6 ans, puis tous les 5 à 10 ans
DiphtérieObligatoire dans de nombreux paysBonneRappel vers 18 mois, puis vers 6 ans
Encéphalite japonaiseConseillé en cas de séjour en zone rurale dans une région allant du Pakistan aux Philippines et de la Chine à l’Indonésie BonneRappel à 1 an, puis tous les 3 an
Encéphalite à tiquesConseillé en cas de séjour en zone rurale ou forestière d’endémie en Europe centrale, orientale et septentrionale du printemps à l’automneBonneRappel à 5 ans (3 ans pour les voyageurs de plus de 60 ans)
Fièvre jauneObligatoire en cas de voyage dans les pays d'endémie (Amérique du Sud, Afrique intertropicale).
Conseillé dans certains pays proches de ces zones
BonneRappel tous les 10 ans
Fièvre typhoïdeConseillé en cas de voyage dans les pays où l'hygiène alimentaire est défectueuseBonneRappel tous les 3 ans
GrippeConseillé en pays d'endémie et pour les personnes fragilesBonneRappel au bout de 1 an
HæmophilusToujours conseillé chez l'enfantBonneRappel au bout de 1 an
Hépatite AConseillé en cas de voyage dans les pays où l'hygiène alimentaire est défectueuse (d'autant plus vivement conseillé que le sujet est plus jeune)BonneRappel de 6 à 12 mois après la première vaccination
Hépatite BConseillé en pays d'endémie (Afrique, Asie, Amérique du Sud)BonneRappel après 1 an, puis tous les 5 ans
Méningite cérébrospinale (à méningocoques)Conseillé en pays d'endémie et en cas d'épidémie
Obligatoire pour les pèlerinages à Médine et à La Mecque (vaccin tétravalent datant de plus de 10 jours et de moins de 3 ans)
Protection limitée, de courte duréePas de rappel
PoliomyéliteConseillé en pays d'épidémies
Obligatoire dans de nombreux pays
BonneRappel vers 18 mois, 6 ans, vers 16-21 ans, puis tous les 5 à 10 ans
RageConseillé en cas de voyage en pays d'endémie (pays tropicaux) et s'il y a un risque particulier
N.B. : La vaccination préventive contre la rage ne dispense pas d’un traitement curatif, qui doit être mis en place le plus tôt possible en cas d’exposition avérée ou suspectée
Efficace lorsqu'elle est préventive. D'autant plus efficace qu'elle est pratiquée plus tôt lorsqu'elle est curative (après une morsure)Rappel au bout d'un an, puis tous les 10 ans
Rougeole, oreillons et rubéoleToujours conseillé chez l'enfantBonneRappel vers 12 ans
TétanosObligatoire dans de nombreux pays, toujours conseilléBonneRappel vers 18 mois, 6 ans, vers 16-21 ans, puis tous les 10 ans
TuberculoseRecommandé dans certains pays chez le nourrisson
Conseillé en pays d'endémie s'il s'agit d'un séjour prolongé
Atténue la gravité de la primo-infectionRappel lors de l'entrée en collectivité, puis vers 11-13 ans si le test est négatif
VarioleAucune, cette maladie ayant été éradiquée en 1979