Élie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Le prophète Élie apparaît au ixe s. av. J.-C., sous le règne d'Achab, roi d'Israël, et de sa femme Jézabel, fille du roi de Tyr. Son nom est une abréviation d''Eliyyah ou 'Eliyyahu : « Mon Dieu, c'est Yah. » La biographie d'Élie, qui est un prophète non-écrivain, s'articule avec celle d'Élisée, son successeur : elle a pris la forme d'une ample légende insérée dans le premier et le second Livres des Rois(I Rois, 17-19, 21 ; II Rois, 1, 2-2, 12). Originaire de Tishbé en Galaad, terre de Transjordanie où le yahvisme s'était conservé dans sa plus grande pureté, Élie lutte vigoureusement dans le royaume du Nord pour rétablir l'appartenance d'Israël à Yahvé seul. Pour lui, il y a opposition irréductible entre Yahvé et Baal (ce dont témoigne la scène du sacrifice du Mont Carmel) : Élie veut forcer le peuple à choisir entre le Dieu vivant, personnel, qui intervient dans l'histoire, et les puissances naturelles divinisées (I Rois, 18). Ce prophète, dont l'expérience mystique de l'Horeb (I Rois, 19) rappelle celle de Moïse au Sinaï (appelé aussi Horeb dans l'Exode), est également un ardent défenseur du pauvre face au roi, aux puissants (I Rois, 21). Le récit de l'enlèvement mystérieux d'Élie aux cieux (II Rois, 2, 11-22) est probablement à l'origine de l'attente de son retour (Malachie, 3, 23-24 ; Siracide, 48, 1-11). Chez les Juifs qui laissent un siège vacant au repas du sabbat (« le siège d'Élie »), on croit qu'Élie viendra avant l'ère messianique réconcilier les pères et les fils : il enseignera l'interprétation correcte des mystères de la Loi. Dans le Nouveau Testament, Élie est considéré comme le précurseur du Messie. Jésus, dont bien des miracles se trouvent dans la saga d'Élie et d'Élisée, affirme que Jean-Baptiste a rempli ce rôle (Matthieu, 11, 14 ; 17, 10-13 ; Marc, 9, 11-13 ; Luc, 1, 17 ; Jean, 1, 21. 25), tandis que d'autres voient en Jésus le prophète Élie (Matthieu, 16, 14 ; Marc, 8, 28 ; Luc, 9, 19).