subculture

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

La moindre codification de la littérature américaine, l'absence de centres de création constants, la mobilité sociale et les mélanges culturels issus de l'immigration et des partages ethniques ont rendu les écrivains attentifs à la sous-culture, où ils ont vu un moyen original d'expression : ainsi Mark Twain et les récits populaires de l'Ouest, certains écrivains noirs, qui ont directement lié l'affirmation de leur identité raciale au jazz, à l'argot, à l'humour. Plus généralement, l'intérêt porté à la sous-culture traduit une absence de stratification et de hiérarchisation des phénomènes culturels et l'aptitude reconnue aux arts populaires – cinéma, chanson, bande dessinée – à rendre compte de la réalité au même titre que la littérature établie. Aussi les croisements sont-ils fréquents entre littérature et sous-culture et suscitent-ils des formes d'expression spécifiques : science-fiction, roman documentaire, récit-témoignage. La personnalité même de l'écrivain ne se comprend souvent que par de tels croisements : Henry Miller cite indifféremment les plus grands écrivains et ses souvenirs d'enfant des rues new-yorkais. Norman Mailer a joué de ces passages entre divers modes et niveaux d'expression pour suggérer l'image complète de la parole américaine. La sous-culture témoigne en conséquence de la plasticité de la littérature même et d'une expérience toujours syncrétique, totalisante, des données de la culture nationale alors qu'en Europe la sous-culture, où se reconnaissent petite et moyenne bourgeoisies, est davantage tournée vers le passé culturel et les œuvres de facture passéiste.