pétrarquisme

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Terme de critique littéraire désignant l'ensemble des œuvres et des courants littéraires, italiens et européens, influencés par le Canzoniere de Pétrarque. Au xve siècle, avec Tebaldeo, Cariteo et Serafino Aquilano, le pétrarquisme est un phénomène essentiellement italien, limité à la poésie de cour, souvent lié à l'improvisation et caractérisé par une imitation superficielle des métaphores les plus contournées de la rhétorique de Pétrarque. Au début du xvie siècle, Pietro Bembo, qui érige en modèles la langue et l'œuvre de Pétrarque dans les Proses de la langue vulgaire (1525), ouvre la voie avec ses Rimes à une imitation fondée sur des équivalences stylistiques visant à restituer la forme globale de l'écriture pétrarquesque. Le Canzoniere devient, pour lui et pour de nombreux poètes et poétesses soucieux d'harmonie et de perfection formelles, un modèle de vie autant que de poésie. Giovanni Della Casa occupe toutefois une place à part dans ce courant, par la gravité d'une thématique où l'amour n'est plus le motif central et par certaines innovations techniques (introduction de l'enjambement dans le sonnet), tandis que le pétrarquisme napolitain, influencé par Giovanni Pontano et Jacopo Sannazaro, annonce le maniérisme et le baroque. Le pétrarquisme de Bembo se diffuse tardivement dans l'Europe du xvie siècle, alors que les procédés de Tebaldeo et de Serafino Aquilano font fureur en France à l'époque de Maurice Scève et de Marot et dans l'Angleterre de T. Wyatt et de H. H. Surrey. Par l'intermédiaire de la Pléiade, enfin, le pétrarquisme a contaminé durablement toute la poésie élisabéthaine jusqu'à Shakespeare. En Espagne, au contraire, le pétrarquisme est né, dès le xve siècle, d'une imitation directe de Pétrarque, avec Iñigo Lopez de Santillana, avant d'être marqué au xvie par l'influence de Sannazaro. Au xviiie le pétrarquisme connut encore une brève survie académique dans le sillage de l'Arcadie, tandis qu'au début du xixe c'est la poésie même de Pétrarque qui renaît dans les Chants de Leopardi.