pantun
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Forme poétique malaise, dont l'origine est controversée. Poésie populaire, orale et chantée, elle semble se rattacher aux « chants alternés » des concours poétiques de l'Asie du Sud-Est. Elle apparaît pour la première fois sous une forme écrite dans la chronique malaise du xviie s. Sejarah Melayu et dans les hikayat de la même époque. Le pantun est un quatrain à rimes croisées (a b a b), avec parfois une rime intérieure ; chaque vers se compose généralement de 4 mots, les deux derniers vers étant souvent devenus (ou reprenant) des proverbes populaires. Le pantun évoque des faits historiques, des coutumes traditionnelles, des énigmes. Il en existe de mélancoliques comme de satiriques. C'est Hugo qui révéla en France la structure du pantun (appelé aussi pantoun ou pantoum) par une traduction donnée en note dans les Orientales. Il fut imité par Théophile Gautier, Théodore de Banville, Baudelaire (« Harmonie du soir » dans les Fleurs du mal), René Ghil (le Pantoun des pantouns, 1901). Le pantun « français » comprend un nombre non fixé de quatrains à rimes (embrassées chez Baudelaire avec alternance de la disposition à chaque nouvelle strophe), construits de telle sorte que le 2e vers de chaque strophe est repris comme vers initial, et le 4e comme 3e vers, de la suivante ; en principe, le 1er vers du poème en est aussi le dernier. Ce mouvement de reprise a ceci de particulier – par rapport au refrain qui revient à la même place – que les 2 vers répétés sont chaque fois décalés d'une position (de 2 à 1 et de 4 à 3) et passent des positions paires (2 et 4) aux positions impaires (1 et 3) ; que chaque quatrain nouveau ne comporte que 2 vers nouveaux, ce qui fait que la progression est très lente et la liaison d'une strophe à la précédente très étroite ; et qu'enfin, puisque chaque fois 2 vers sont repris en position initiale et médiane, chaque quatrain se trouve pour le sens nettement découpé en son centre en 2 parties égales.