littérature palestinienne

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Les écrivains palestiniens ont contribué, aux côtés des Libanais et des Syriens, à l'essor littéraire arabe dès le début du xixe s. Les principaux représentants de la période qui a précédé l'exil furent Rûhî al-Khalidi (1864-1914), Ibrâhîm Tûqân (1905-1941), 'Abd al-Rahîm Mahmûd (1913-1948).

La réaction à la proclamation de la naissance d'Israël suscita la naissance d'une littérature de résistance et de combat, tant des Palestiniens de l'intérieur que de ceux, nombreux, qui durent quitter leur terre pour des camps de réfugiés. À la génération de Fadwâ Tûqân et de 'Abd al-Karîm al-Karmî (Abû Salmâ, 1907-1980), qui cultiva le tragique, la solitude et l'angoisse retenue, répond une nouvelle littérature tournée résolument vers la poésie engagée. Les nouveaux représentants de la littérature palestinienne ont subi la prison : ainsi Tawfîq Zayyâd (1929-1994), Kamâl Nâsir (1925-1973), Samîh al-Qâsim (né en 1939) et surtout Mahmûd Darwîch (né en 1941), certainement le plus grand poète arabe actuel.

Au lendemain de la guerre de 1967, la production des écrivains palestiniens vivant en Israël commença à être connue dans le monde arabe. Diffusées d'abord par Radio-Palestine (fondée en 1964 à Damas), les plaquettes furent rapidement rééditées, principalement à Beyrouth et à Damas. Parmi les poètes de la nouvelle génération de l'intérieur se détachent Sâlim Jubrân (né en 1941), Muhammad al-Qaysî (Nây 'alâ ayyâminâ, 1996) et Jamâl Qa'wâr (Lunes dans les sentiers de la nuit, 1979).

D'autres poètes continuent de chanter la patrie perdue, la condition misérable des réfugiés, la soif de justice, de liberté et l'amour. C'est le destin de Hannâ Abû Hannâ (l'Appel de la plaie, 1970), de 'Izz al-Dîn al-Manâsira (la Sortie de la mer morte, 1970) et de Michel Haddâd (1919-1997). À la confidence chuchotée de Fadwâ Tûqân, pour qui il lui suffit « dans son pays d'être Terre », répond une poésie secrète et émouvante d'un Samîh al-Qâsim, pendant qu'un Mahmûd Darwîch incarne le grand exil de tous les temps et soulève les problèmes éternels de l'oppression et du mépris.

La littérature romanesque a pour sujet l'homme palestinien, déraciné, pour qui la patrie prend forme de mythe. Après Zayn al-'Âbidîn al-Husaynî (né en 1938), Jabrâ Ibrâhîm Jabrâ (Cri dans une longue nuit, 1947 ; À la recherche de Walîd Mas'ûd, 1974) et Ghassân Kanafâni (Oum Saad, 1966), le problème de l'identité culturelle et nationale est au cœur de l'œuvre d'Émile Habîbî (les Faits étranges de la disparition de Sa'id Abû al-Nahs al-Mutachâ'il, 1974 ; Sarâyâ bint al-Ghûl, 1992), de Rachâd Abû Châwir (les Amoureux, 1977), de Tawfîq Fayyâd, Ghâlib Halasa et Ibrâhîm Nasr Allâh ('Aw, 1990 ; Oiseaux aux aguets, 1996 ; le Garde de la cité perdue, 1998). Expérience personnelle et nécessité de l'engagement forment la base de tous les récits, de Muhammad 'Ali Tâhâ (Pont sur un fleuve en deuil, 1974) à Samîra 'Azzâm et Sahar Khalifa (Chronique du figuier barbare, 1978 ; l'Impasse de Bab Essaha, 1991 ; l'Héritage, 1997).