monogatari

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Genre littéraire japonais aux contours vagues – monogatari signifie littéralement « chose racontée, histoire » –, qui rassemble un grand nombre d'ouvrages, rédigés principalement entre le xe et le xiiie  s., en quatre groupes principaux (J. Pigeot). On y trouve en premier lieu le « roman romanesque », c'est-à-dire des œuvres de fiction sous la forme de récits autonomes, écrits en prose japonaise et présentés comme de simples divertissements récréatifs. Souvent condamnées à ce titre, ces narrations, au premier rang desquelles on compte le Genji monogatari (le Dit du Genji), furent le plus souvent écrites par des dames de la cour. À ces fictions ou « récits fabriqués » (tsukuri-monogatari) s'opposent les trois autres sous-genres, fondés quant à eux sur des traditions tenues pour véridiques : les « récits sur des poèmes » (uta-monogatari), généralement réunis en recueils, tels que l'Ise monogatari (Contes d'Ise) ; les « recueils d'anecdotes édifiantes » (setsuwa) qui, comme le Konjaku monogatari-shû (Histoires qui sont maintenant du passé), se caractérisent par leur vocation didactique ; enfin, les « récits historiques » (rekishi-monogatari), rédigés en langue vernaculaire (à la différence des chroniques officielles) et qui, comme l'Eiga monogatari (Récit de la splendeur [des Fujiwara]), proposent une relation romancée de faits tenus pour véridiques. C'est à ce dernier groupe que se rattache l'ensemble des « chroniques guerrières » ou « récits épiques » (gunki monogatari) dont le Heike monogatari (Dit des Heike) constitue le chef-d'œuvre absolu.