littérature frisonne
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Langue du groupe germanique occidental, le frison s'est divisé très tôt en trois branches : le frison septentrional, parlé dans l'île d'Helgoland et les côtes du Schleswig, le frison oriental, qui n'est plus utilisé que par quelques milliers d'habitants de la province d'Oldenburg, le frison occidental, qui possède un statut officiel dans la province de Frise aux Pays-Bas, vestige d'une reconnaissance traditionnelle de la nation frisonne. Si la langue parlée est divisée en de nombreux dialectes locaux, le frison écrit, apparenté au néerlandais et à l'anglais, apparaît dès le xive s. sous forme de textes juridiques. C'est d'ailleurs à un juriste, Alvinus de Snits, qu'est dû le premier poème conservé (Thet freske riim). Pendant plus de trois siècles, la langue et la littérature frisonnes cherchent à définir leur identité face, à la fois, au latin des humanistes (Cornelius Kempis, Reyner Bogerman) et au néerlandais de la République des Provinces-Unies dont la Frise faisait partie. L'unification nationale hollandaise se fera au détriment du frison, interdit en 1573 dans les actes officiels et peu utilisé par les littéraires frisons, comme le montre l'exemple d'Onno Zwier van Haren écrivant en néerlandais. Après la grande œuvre classique du poète Gysbert Japicx (Friesche Rymelerye, 1668), il faut attendre la constitution de la « Fryske Genoatskap » (Association frisonne, 1826), puis de la « Fryske Selskip » (Société frisonne, 1844) pour voir poindre la renaissance littéraire de la province. Harmen Systra et sa revue Iduna soutiennent la création, à la fois poétique, dramatique et humoristique. La poésie sera longtemps à la pointe du renouveau culturel avec P. J. Trœlstra (Rispinge, 1909), O. Postma, Hendrika Van Dorssen dite Rixt (De gouden ridder, 1954), avant que le roman – Simke Kloosterman (De Hoara's fen Hastings, 1918) et Reinder Brolsma (Sate Humalda, 1932-1934) – n'enracine le lecteur dans les coutumes et les problèmes des paysans frisons. Plus nationaliste et plus classique avec la « Jongfryske Mienskip » (Communauté de la Jeune Frise, 1915), la littérature se fera l'écho des grandes crises du temps présent, dans une perspective plus austère et religieuse avec F. de Schurer (Samson, 1949), ou plus ouverte sur l'Europe littéraire, avant de s'intéresser aux recherches formelles. Les écrivains s'interrogent surtout sur les problèmes nés de la guerre, notamment autour des journaux De Tsjerne (1946-1968) et Quatrebras (1954-1968). Ils se dispersent depuis dans des expérimentations multiples, ballottés entre formalisme, enracinement et finalité philosophique et culturelle.