littérature aztèque
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Détruite par la conquête espagnole, la civilisation aztèque est l'une des plus brillantes de l'Amérique précolombienne, imposant sa suzeraineté sur la plus grande partie de la Méso-Amérique et donnant naissance à une littérature riche et originale, un des rares exemples de littérature écrite que l'Amérique indigène ait connu. Si tous les manuscrits ou codex précortésiens ont été détruits par les conquistadores, les traditions nahuatl furent heureusement retranscrites par quelques missionnaires et Indiens alphabétisés. L'écriture aztèque sous sa forme pictographique (une forme hybride entre le simple pictogramme, l'idéogramme et le phonogramme) n'est déchiffrée qu'en partie et de nombreux aspects de la pensée indienne ont été volontairement occultés au nom de scrupules religieux, moraux ou culturels. On peut néanmoins penser que la littérature orale ou écrite tenait une place importante dans la vie des Aztèques. Ces derniers recevaient une éducation rigoureuse ; les traditions mythiques ou historiques, les hymnes, chants et poèmes étaient étudiés et enseignés parfois mot à mot. L'ensemble de la littérature aztèque, quel que soit le genre considéré, est caractérisé par le recours à un langage très riche et très élaboré. Le nahuatl, langue polysynthétique et agglutinante, offre un éventail extrêmement varié de nuances, grâce à l'addition de préfixes et de suffixes à des mots-bases et grâce à des jeux d'association d'idées. Les critères européens distinguant la poésie de la prose ne s'adaptent que difficilement au contexte méso-amérindien, et l'on aurait tendance à considérer toute la production littéraire aztèque comme poétique, c'est-à-dire, selon le terme nahuatl lui-même, comme « parole fleurie ». La production littéraire aztèque peut être divisée en cinq grands genres principaux.
D'abord les livres exposant les théories cosmogoniques et la mythologie, comme le « calendrier divinatoire » et certains codex (codex Chimalpopoca ou Vaticanus), qui content dans des versions parfois assez différentes les cinq créations successives du monde (les cinq soleils). Le codex de Cuauhtitlan expose dans un très long poème la vie mythico-historique de Quetzalcóatl, roi-prêtre de Tula et représentant sur terre du dieu du même nom.
La chronique historique, sous forme d'annales plus ou moins succinctes, expose le déroulement de hauts faits historiques, consigne des généalogies, comme le Lienzo de Tlaxcala ou le codex Ramirez, par exemple. Sous une forme plus élaborée, elle narre les épisodes fondamentaux de l'histoire aztèque : l'Historia Chichimeca de Fernando de Alva Ixtlixóchitl, ou encore le codex Azcatitlán, contant la migration mythico-historique des Aztèques depuis leur origine fabuleuse d'Aztlán jusqu'à Mexico.
Les hymnes religieux étaient chantés, accompagnés d'instruments à percussion.
Les poèmes profanes destinés à célébrer les diverses circonstances de la vie, récités ou chantés, pouvaient faire l'objet de tournois poétiques. Angel Maria Garibay les a regroupés selon le genre auquel ils se rattachent : chant de guerre (« yaocuicatl ») ; chant des fleurs (« xochicuicatl »), etc. Nezahualcoyotl fut le poète le plus fameux.
En dernier lieu, le discours, où l'on trouve exprimé l'idéal civique, moral ou philosophique de tout un peuple, qu'il s'agisse de simples proverbes ou conseils, ou des longs développements didactiques destinés à la formation morale des jeunes comme les « huehuetlatolli » (« discours des Anciens »).