le Pèlerinage de Charlemagne ou le Voyage de Charlemagne
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Cette chanson de geste de 870 alexandrins assonancés, composée entre le milieu du xie et le début du xiie siècle, évoque sur le mode épique un voyage de Charlemagne et de ses pairs à Jérusalem et à Constantinople. L'originalité de cette chanson est dans le mélange de motifs héroïques traditionnels, de motifs héroï-comiques (Charlemagne va vérifier s'il porte mieux la couronne que l'empereur de Constantinople) et d'éléments merveilleux d'inspiration orientale (les étranges mécanismes du palais de l'empereur de Constantinople, Hugon). L'exploitation du motif de la vantardise (les gabs lancés par les pairs) donne une dimension burlesque aux héros. Mais on retrouve sous la fantaisie une répartition des rôles qui évoque la structure ancienne des trois fonctions : Roland et Guillaume d'Orange illustrent la prouesse guerrière ; Olivier assure, en séduisant la fille de l'empereur, la prouesse sexuelle ; chef militaire et religieux incontesté (comme l'a confirmé le passage à Jérusalem), Charlemagne acquiert de surcroît en Orient, par la confrontation avec le « roi laboureur » de Constantinople et grâce à ses pairs, la totalité des pouvoirs humains.