inca

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Peuplant la zone andine à l'époque précolombienne, les Incas développèrent toute une littérature en quechua, parvenue jusqu'à nous – aucun système d'écriture n'ayant été relevé – par l'intermédiaire de lettrés espagnols sous forme de fragments ou de résumés de mythologies, légendes, hymnes, poésies, chants, maximes et expressions théâtrales. L'art étant étroitement soumis à l'État dans cette société très structurée, la littérature était d'abord une littérature officielle chargée de donner une cohésion nationale à cet immense empire, d'enseigner et perpétuer les traditions et l'histoire ; manifestations officielles, récitations collectives ponctuaient la vie quotidienne des habitants des Andes. Les hauts faits militaires, les prouesses des empereurs ou des ancêtres mythiques étaient exaltés dans des « tragédies » ; les scènes de la vie quotidienne, notamment de la vie agraire, étaient représentées dans des « comédies » plus légères. La civilisation incasique semble être la seule à avoir connu un théâtre de ce type comportant des récitations et des scènes mimées, soutenues le plus souvent par la présence d'un chœur et d'un accompagnement musical. De très longues compositions en vers ou en versets rythmés mêlant mythologie, légendes historiques ou para-historiques se transmettaient de génération en génération. La poésie religieuse était extrêmement abondante : le culte rendu aux grands dieux Viracocha et Pachacamac a donné naissance à un foisonnement d'hymnes sacrés, de prières, d'odes et de chants épiques dont un certain nombre furent recueillis et transcrits par des religieux espagnols. À côté de cette littérature « officielle », religieuse et dynastique, existe un domaine profane où l'imaginaire s'exprime plus spontanément et dont l'amour, la tristesse, la solitude sont les thèmes favoris. Il existe aussi un corpus de maximes dont l'esprit s'est maintenu à travers des proverbes et des devinettes jusqu'à nos jours.