igbo

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

L'igbo est le nom de la variété écrite de la langue parlée par les Igbo, qui peuplent ce qui fut l'éphémère État du Biafra (1967-1970), au sud-est du Nigeria. Les Igbo sont plusieurs dizaines de millions et commercent dans toutes les villes du pays. À la différence des Yoruba, ils n'étaient pas organisés en royaume mais en villages, largement autonomes. Il ne fut donc pas aisé d'obtenir une transcription standard de leur langue, d'autant plus que la ville d'Onitsha, longtemps considérée comme le plus grand marché de l'Afrique, était sur le Niger, tout à l'ouest de la région, et voulait imposer sa prééminence sur les régions plus orientales. Telle est sans doute la raison de l'exceptionnel succès des romanciers igbo anglophones (Achebe, Ekwensi, Aluko) alors que la littérature en igbo peinait à s'affranchir des querelles dialectales. Dès les années 1930, les linguistes essayèrent d'encourager la fiction dans un igbo écrit : le premier texte, le roman Omenuko, de Pita Nwana (1933), vainqueur du concours de l'Institut international africain, est toujours lu, réédité et commenté : il raconte comment Omenuko vend ses concitoyens comme esclaves et, poursuivi par les remords, s'efforce de se racheter tout au long du roman. La définition en 1973 d'un comité de standardisation de l'igbo a été le signal d'une nouvelle production romanesque où le nom de Tony Ubesie se détache. Des poètes (notamment le romancier anglophone Achebe) privilégient une autre variété de langue et maintiennent active la querelle linguistique, dans une région très fortement christianisée et alphabétisée.