haoussa

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

La langue haoussa, langue du nord du Nigeria, est parlée par plus de cinquante millions de locuteurs. Paysans, les Haoussa, qui vivent entre le Sahara et le Niger, sont fondateurs de villes : Kano, la grande métropole haoussa, commerçait avec l'Europe au xvie siècle. Islamisés au xixe siècle, sous l'impulsion d'Ousmane Dan Fodio, ils ont assimilé les conquérants peuls, et leurs émirats contrôlent la Fédération nigériane depuis la guerrre civile (1967). Dan Fodio et sa fille Nana Asmau ont laissé des œuvres théologiques et didactiques en haoussa, écrit en graphie arabe, dite ajami. Toute une tradition de poésie gnomique, satirique, didactique s'est poursuivie dans les villes du nord du pays. Les colonisateurs anglais ont voulu écrire en graphie latine, dite boko, la langue haoussa pour en faire un instrument d'alphabétisation. Des concours littéraires ont promu ce projet. L'un des premiers textes primés (1934) est encore aujourd'hui le plus célèbre : c'est l'histoire d'un ancien esclave revenu au pays et devenu un maître écouté, Shaihu Umar. Son auteur, A. Tafewa Balewa, à l'époque instituteur, deviendra Premier ministre du Nigeria en 1966. Un mouvement de transcription des contes et des récits oraux, de rédaction de textes de fiction s'en est suivi (Magana Jari Ce, 1936). La maîtrise des formes de la métrique arabe et la verve de la poésie orale haoussa ont produit plusieurs œuvres de qualité, comme celles d'Akilu Haliyu ou de Mudi Sipikin. Une pensée politique de réforme sociale s'est exprimée ainsi chez des auteurs comme Saadu Zungur ou Aminu Kano, et elle travaille en profondeur la société et la littérature haoussa contemporaines. Coexistent ainsi une création souvent manuscrite ou photocopiée en graphie arabe, une poésie et des récits imprimés qui essaient de raconter la vie des grandes villes du nord du Nigeria, ancienne zone de contact entre musulmans et chrétiens dans laquelle la littérature exprime des enjeux moraux et politiques essentiels (Turmin Danya de S. I. Katsina, 1982). Une littérature populaire, en caractère latin, vendue dans les rues, polycopiée souvent, a émergé dans la métropole haoussa (Larkin in Newell, 2001).