gadl

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Genre littéraire éthiopien de langue guèze, consistant dans le récit de la vie d'un saint et des hauts faits qui jalonnent sa vie spirituelle. Le terme gadl, qui traduit le grec agon, désigne comme lui le combat spirituel de cet athlète de la foi chrétienne qu'est le saint, énergique, intrépide, intraitable. Les ouvrages de ce genre (on traduit parfois par « Vie » ou « Actes ») comprennent généralement deux parties, dont la première et principale est le gadl proprement dit, suivi du récit des miracles accomplis par le saint, dont la liste est plus ou moins longue, selon qu'elle a été tenue à jour ou non. Lorsque le saint a été martyrisé, le récit de son martyre peut être détaché du gadl pour constituer une partie indépendante, insérée avant le récit des miracles. On trouve enfin, dans la plupart des cas, un poème à forme fixe, le malke'e ou « effigie » du saint, et parfois d'autres poèmes du genre salâm (« salut »).

On distingue deux types de gadl : les ouvrages traduits en guèze pour célébrer des saints étrangers à l'Éthiopie, et les œuvres originales écrites en guèze pour célébrer des saints éthiopiens. Selon Guidi, le plus ancien gadl serait une version éthiopienne de la vie de saint Paul, premier ermite, traduite du grec à l'époque des Neuf Saints (seconde moitié du ve s.). Cette traduction serait à mettre en rapport avec celle de la règle de saint Pacôme, en vue de la diffusion du monachisme en Éthiopie. Ce sont surtout les gadl des saints vénérés par les coptes qui ont été traduits (Basilide, Juste, Théodore, Apater, Claude, Victor, Sisinnie, Irène, Théoclie) ; mais la vie de saint Alexis est arrivée aussi jusqu'en Éthiopie. Ces traductions sont intéressantes pour l'étude de l'hagiographie chrétienne. On y trouve des stéréotypes qui seront empruntés abondamment par l'hagiographie indigène et qui font du gadl une œuvre qui s'analyse en traits et en motifs comme un récit folklorique. Les gadl ont été regroupés en cycles : des dissidents, des fondateurs, des saints du Tigré, des saints du Sud, etc. L'hagiographie indigène a aussi fait une place à des souverains que l'historiographie officielle voulait peut-être faire oublier, en particulier les rois Zâgwê, dont le plus célèbre est Lâlibalâ. Mais on a même un gadl du négus Iyâsu Ier (1682-1706) qui n'appartient pas à la dynastie zâgwê et qui est vénéré comme martyr par l'Église éthiopienne.