littérature copte

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Dérivé de l'arabe qubt, aphérèse du grec aiguptios, le mot copte renvoie à l'Égypte et plus spécialement au monde égyptien chrétien.

Pour en savoir plus, voir l'article Coptes [population].

Le copte est l'aboutissement de la lente évolution qu'a subie la langue égyptienne depuis l'invention de l'écriture hiéroglyphique jusqu'à la période hellénistique. Dès lors, l'emploi du grec introduit une diglossie qui est à l'origine d'une littérature nouvelle, en partie égyptienne, en partie grecque, qui conduit à l'abandon progressif de l'écriture hiéroglyphique dans ses formes cursives, hiératique et démotique. Le résultat en est l'écriture appelée copte, qui emprunte les caractères de l'alphabet grec et y ajoute des signes dérivés du démotique pour rendre les sons propres au parler égyptien, six ou sept selon les dialectes. Les deux principaux dialectes sont le sahidique, pratiqué en Haute-Égypte (sa'id en arabe), et le bohaïrique (de l'arabe bahri, la Basse-Égypte), répandu dans le Delta, qui s'est par la suite imposé dans tout le pays.

Nombre d'œuvres de la littérature copte sont perdues, d'autres ne subsistent qu'à l'état de fragments disséminés ou de traduction, essentiellement en grec, en arabe et en éthiopien. À partir du viie s. en effet, la puissance musulmane installée en Égypte a détruit églises et monastères, avec les manuscrits qui y étaient détenus. De même que la prédominance culturelle grecque avait causé le déclin de la langue pharaonique, de même l'arabe à partir du xe s. a supplanté le copte. Les manuscrits coptes n'ont donc plus guère été lus ni recopiés, et en raison de l'amenuisement de la population chrétienne et de ses difficultés économiques, les bibliothèques de livres coptes ont été laissées à l'abandon. Ce qui a été épargné – codices de papyrus ou de parchemin, ostraca – et recopié à l'époque arabe sur du papier ne représente qu'une faible partie de la production littéraire copte et relève pour l'essentiel de la littérature religieuse ou plus précisément ecclésiastique, car après la conquête arabo-musulmane de l'Égypte, les textes coptes n'ont plus été conservés que par et pour des moines ou des clercs. Tout ce qui paraissait inutile ou dangereux aux yeux de la hiérarchie religieuse a été détruit ou n'a pas été reproduit. Ces deux facteurs historiques – disparition progressive du copte comme langue culturelle et conservation sélective de la littérature copte dans les monastères et les églises – sont à l'origine des limites de notre connaissance de ce que fut réellement la littérature copte.

Histoire

Au cours d'une première période de l'évolution de cette littérature, du iie s. de notre ère au milieu du ve, des textes grecs sont traduits en copte. Le christianisme est venu de Syrie-Palestine en Égypte, où il fut introduit et alimenté par des écrits grecs, qu'il a fallu mettre à la portée d'un public ne parlant que la langue égyptienne, et les penseurs égyptiens, chrétiens ou non, dont l'influence, grâce à la réputation de l'École d'Alexandrie, a gagné la Moyenne– et la Haute-Égypte, sont de culture grecque. Ce travail de traduction n'a pas été le fait des seuls chrétiens. Des Juifs ont traduit du grec, ou peut-être même de l'hébreu, au moins certains livres de l'Ancien Testament. Des gnostiques ont transposé du grec, et sans doute aussi du syriaque, leurs écrits religieux. Ils ont été suivis de peu par les manichéens, tôt implantés en Égypte puisque vers 300 le philosophe Alexandre de Lycopolis écrit un traité contre les doctrines de Mani. Ces traductions gnostiques et manichéennes en copte, dont deux bibliothèques importantes ont été retrouvées en Égypte au xxe s., comme les traductions chrétiennes, sont précieuses, tant pour l'étude de la pensée religieuse en Égypte que pour celle des courants philosophiques du monde méditerranéen ambiant. En outre, comme elles sont devenues modèle d'expression de toute une littérature, on ne saurait minimiser leur intérêt littéraire.

Cette même période voit aussi apparaître des écrivains originaux, souvent des abbés obligés de composer des règles et des exhortations pour leurs moines, dont la grande majorité ne connaissaient ni la langue ni la culture grecque. Le premier est Pakhôme († 346), à la tête d'une communauté de moines et de moniales répartis en dix couvents ; de ses successeurs Théodore († 368) et Horsiêse († ca.380) nous avons conservé quelques sermons. L'auteur le plus original, même si ses écrits, lettres et sermons principalement, visent à un enseignement moral, rarement théologique, reste Shenouté (entre 334 et 349 – entre 451 et 466), restaurateur du couvent d'Atripé en Haute-Égypte (connu sous le surnom arabe médiéval d'al-Dayr al-Abyad, le Monastère blanc), et adversaire des derniers adeptes de l'ancienne religion ; son action sur le monachisme cénobitique fut importante.

À la suite du concile de Chalcédoine en 451, occasion d'âpres disputes sur l'union en Jésus-Christ des deux natures divine et humaine, l'Église d'Égypte se sépare des communautés byzantine et romaine, pour des motifs autant politiques, voire nationaux, que doctrinaux. On continue certes à traduire en copte des œuvres grecques, mais les échanges avec la culture grecque tarissent, ce qui induit un réel défaut de renouvellement. Les lettres coptes sont toutefois servies par quelques écrivains notables, tel le moine Pambo de Scété à la fin du ve s., puis aux vie et viie s., Jean de Parallos, moine dans le Wadi-n-Natroun, les évêques Pésynthios de Keft, Jean de Shmoun et Constantin d'Assiout, lequel fait preuve d'une bonne culture historique alliée à une réelle maîtrise de style, ou encore Rufus de Shotep, auteur de commentaires sur les évangiles de Luc et de Matthieu.

La conquête arabo-musulmane, de 639 à 643, marque un tournant décisif dans l'histoire de la littérature copte. Si, dans un premier temps, liberté fut laissée aux chrétiens de conserver leur langue comme leur religion, dès 705 un édit du gouverneur 'Abdallah ibn 'Abd al-Malik impose l'usage de l'arabe dans les documents administratifs, ce qui provoque lentement mais sûrement la disparition du copte. Des auteurs coptes rédigent alors leurs ouvrages en arabe, le premier d'entre eux étant Sévère ibn al-Mouqaffa, évêque d'Ashmouneïn en Haute-Égypte († apr. 987), mais des îlots où l'on continue de parler le copte se maintiennent. Au début du xve s., l'historien musulman al-Maqrizi assure que les femmes et les enfants chrétiens de Haute-Égypte ne parlent que le copte ; des voyageurs européens des xviie et xviiie s. prétendent avoir rencontré des villages où on le parle encore. Cependant, le patriarche Gabriel II (1131-1145) invite son clergé à expliquer le Notre Père dans la langue populaire, l'arabe. Le copte devient ainsi une langue savante, et au xiiie s. on commence à composer des grammaires et des lexiques à l'usage de ceux qui, arabophones, désirent apprendre le copte pour pouvoir lire les livres bibliques et liturgiques. Cela étant, les ouvrages de la période qui suit la conquête musulmane ne présentent guère d'originalité. On se préoccupe surtout de conserver l'acquis de la culture copte, et si l'on produit encore, c'est en suivant les modèles anciens. Les traductions des œuvres coptes en arabe, comme celles qui transposeront de l'arabe en ge'ez nombre d'ouvrages pour les besoins de l'Église d'Éthiopie, qui dépendait canoniquement de celle d'Alexandrie, ont permis la survie de bien des textes dont l'original copte est aujourd'hui perdu.

Genres littéraires

Les Écritures saintes

De l'Ancien Testament – on se souviendra que la Septante a été composée à Alexandrie entre 250 et 150 av. J.-C. – traduit en sahidique, achmimique et bohaïrique, ne nous sont parvenues que des versions lacunaires. Nous possédons en revanche les traductions complètes du Nouveau Testament en sahidique et en bohaïrique. Parallèlement, et malgré les plaintes et interdits de quelques patriarches, les Coptes ont traduit et aussi composé des textes, qui d'une part veulent compléter les livres canoniques reconnus comme inspirés et d'autre part défendent des positions théologiques ou éthiques nouvelles. Ils constituent une source de première main pour la connaissance des communautés chrétiennes qui les ont rédigés et utilisés. Nombre de ces compositions, dont certaines d'origine juive ont été plus ou moins christianisées, sont conservées au moins partiellement en copte. Ce sont des pseudépigraphes de l'Ancien Testament, tels par exemple l'Histoire d'Adam ou celle d'Énoch, les Testaments d'Abraham, d'Isaac et de Jacob les Paralipomènes de Jérémie, les Apocalypses d'Élie, de Sophonie et d'Esdras. Le Nouveau Testament a quant à lui ses suppléments apocryphes, entre autres l'Épître des Apôtres, que l'on date des années 160-170 qui est intégralement conservée en éthiopien mais dont nous possédons d'amples fragments en copte, les Évangiles de Gamaliel, de Barthélemy, de Nicodème, des Actes et des Martyres d'Apôtres, récits de leurs missions et de leur prédication où l'anecdote tient une large place, les Apocalypses de Pierre, de Paul, de Barthélemy. On y retrouve le goût marqué des Égyptiens pour le merveilleux, le romanesque, les représentations fantastiques de l'au-delà. L'existence d'une version copte du Transitus Mariae témoigne de la persistance dans les milieux chrétiens des questions sur la mort et le voyage vers l'au-delà, si présentes dans l'ancienne religion égyptienne.

Textes gnostiques et manichéens

Les gnostiques égyptiens ont propagé et défendu leur foi par des écrits. Déjà, à la fin du xviiie s., deux manuscrits, le codex Askew et le codex Bruce, avaient mieux fait comprendre qui étaient ces gnostiques tant combattus par les anciens écrivains chrétiens. En 1946, le directeur du Musée copte du Caire, Togo Mina, à la bonne fortune de mettre la main sur un manuscrit, pièce d'un ensemble découvert à Nag Hammadi, en Haute-Égypte, comprenant 13 codices de papyrus, qui allaient renouveler notre connaissance de la pensée gnostique, en permettant de la connaître dans sa propre expression. Il s'agit là de copies de traités composés aux iie ou iiie s., faites vers la fin du ive s., relevant de genres littéraires divers, évangiles, actes, dialogues, apocalypses, livres de sagesse, épîtres, prédications. Reste posée la question d'une éventuelle relation entre cette bibliothèque et le monastère pakhômien de Khènoboskion tout proche ; on a parfois pensé qu'il s'agissait d'un ensemble de textes rassemblés par un moine hérésiologue, qui aurait été ensuite cachés lorsqu'en 367 l'abbé Théodore a ordonné la destruction des ouvrages jugés hérétiques. Auparavant, en 1930, on avait trouvé à Medînet Mâdi, dans le Fayoum, des papyrus en assez mauvais état, qui provenaient de codices remontant au ive s., contenant en copte, vraisemblablement traduits du syriaque, des lettres de Mani, un livre de psaumes de Mani, les Kephalaia, ou Chapitres, d'enseignements de Mani et de ses successeurs, l'Évangile vivant de Mani. La présence d'ouvrages manichéens en Égypte n'est pas surprenante, puisque Mani lui-même y a envoyé deux de ses disciples, afin d'y prêcher sa doctrine, et que l'existence de communautés manichéennes y est attestée à partir du iiie s., au moment – simple coïncidence ? – où naît le monachisme égyptien. Ces deux découvertes éclairent notre connaissance des mouvements religieux apparus dès le début de l'ère chrétienne et dont l'influence a été très grande. La littérature copte a acquis de ce fait une exceptionnelle importance pour l'histoire des religions.

Traductions d'ouvrages patristiques et théologie

Des œuvres des premiers Pères de l'Église, tels l'Épître aux Corinthiens de Clément Romain, les Lettres d'Ignace d'Antioche ou le Pasteur d'Hermas, sont tôt traduites en copte. Suivent celles des Pères de l'âge d'or patristique : Athanase et Cyrille d'Alexandrie, Basile de Césarée et les deux Grégoire, de Nazianze et de Nysse, Jean Chrysostome, Épiphane de Salamine et d'autres encore tel Cyrille de Jérusalem. Avec la rupture qui suit le concile de Chalcédoine, cet effort d'assimilation cesse. Les échanges continuent cependant avec les auteurs syriens, monophysites comme les coptes. Le genre parénétique, plutôt que la théologie dogmatique, semble avoir alors la faveur des traducteurs coptes, mais il faut ici tenir compte de l'état très fragmentaire de notre documentation et ne pas oublier que les savants lisaient ces ouvrages de théologie ou de polémique dans le grec original, les traductions étant destinées aux clercs, moines ou laïques, ne sachant que le copte.

À ces versions des auteurs patristiques de langue grecque, égyptiens ou non, il faut ajouter plusieurs ouvrages anonymes destinés à préciser le droit ecclésiastique ou la vie quotidienne des fidèles, rédigés hors d'Égypte et parfois adaptés aux situations locales, qui aident à mieux connaître les mœurs chrétiennes, ecclésiales et civiques, économiques et sociales. Citons parmi ceux-ci la Didachè, les Canons apostoliques, les Constitutions apostoliques, et quelques pseudépigraphes attribués à un apôtre ou à un auteur ayant notoriété, tels Hippolyte, Athanase et Basile. Les textes conciliaires, en particulier les canons des conciles locaux ou plus généraux, sont également traduits en copte.

Les Coptes ne se sont guère préoccupés de théologie spéculative. Du iiie au viiie s., ils préfèrent traiter de sujets moraux et ascétiques. Les commentaires bibliques et les écrits de controverse ont surtout un but pastoral. Il faut mettre à part les ouvrages des fondateurs monastiques, Antoine, Pakhôme, l'abbé Isaïe, Shenouté, et les séries des Apophtegmes ou sentences des premiers Pères du Désert, qui ont fortement influencé la spiritualité chrétienne dans son ensemble. Il convient également de noter ici les inscriptions coptes, dont l'intérêt est très grand pour l'histoire de la mentalité religieuse, surtout les inscriptions funéraires en lien avec la pensée populaire sur la vie, la mort, l'au-delà. La plupart sont brèves ; on y mentionne le nom du défunt, la date de sa mort avec une courte invocation pieuse. D'autres commencent par une assez longue litanie ou, après les titres du défunt, donnent une prière de longueur variable. Quelques-unes sont de vraies compositions littéraires.

L'histoire

Les Coptes ont laissé fort peu d'ouvrages en ce domaine. Subsistent toutefois des fragments d'une vaste Histoire de l'Église, qui comprenait au moins douze livres. Il pourrait s'agir de récits rédigés par un contemporain et rassemblés plus tard en volume. Ces documents et d'autres seront, au xe s., condensés, parfois à peine résumés, en arabe par Sévère ibn al-Mouqaffa, déjà nommé, dans son Histoire des patriarches d'Alexandrie, continuée par d'autres jusqu'au xixe s., très utile pour l'histoire civile de l'Égypte. À la fin du viie s., un évêque du Delta, Jean de Nikiou, rédige une histoire universelle depuis Adam, intéressante pour l'histoire de la conquête arabe et des années qui suivirent ; malheureusement le texte original copte – à moins qu'elle ait été rédigée en grec, comme certains le pensent – est perdu et nous n'en possédons plus qu'une version éthiopienne, fondée elle-même sur une traduction arabe.

Biographies, légendes et romans

Une partie non négligeable des lettres coptes est constituée par des vies de martyrs ou de saints, où abondent les épisodes fantastiques, voire horrifiques. Le martyr provoque le juge, le gouverneur ou l'empereur en personne, qui le fait torturer avant que, dans son cachot, un ange ou Jésus vienne le guérir. Presque toujours l'accusé, envoyé d'un juge à un autre, voyage sur le Nil, comme dans les romans égyptiens. Dans ces récits, la guérison réitérée du martyr et même sa résurrection répétée parfois après plusieurs morts, témoignent d'une conception proprement égyptienne de la survie après la mort, inséparablement liée à la conservation de l'intégrité corporelle, comme on le voit aussi au soin que prend le martyr à trouver quelqu'un qui, après sa mort, entretienne son tombeau. Il arrive que l'auteur, par exemple Jules d'Aqfahs, assure la rédaction des martyres auxquels il a assisté en qualité de greffier officiel. Assez souvent, le récit du martyre a été transposé en homélie pour le jour de la fête du saint. Tous ces écrits sont des sources pour l'histoire des mentalités, car on y voit les mœurs des petites gens, leurs manières de penser et de vivre.

À ce genre il faut rattacher les biographies des saints, souvent des moines, propres à souligner les vertus héroïques des grands ascètes et les bienfaits à retirer de leur vie consacrée. Elles présentent un intérêt documentaire pour les historiens, même s'il s'agit plutôt d'ouvrages d'imagination destinés à édifier le lecteur. Le merveilleux y tient une bonne place et parfois même le récit devient roman. Le thème de la jeune fille travestie en homme pour se faire accepter dans un couvent de moines, dont l'identité n'est découverte, après moult péripéties, qu'au moment de laver le corps après sa mort, est bien connu dans l'hagiographie orientale. Le roman de Parthénopée, enlevée de son couvent par l'empereur Constantin, qui veut en faire sa femme, puis par le roi des Perses, mais qui se jette dans un bûcher pour échapper au déshonneur, emprunte un thème traditionnel du folklore oriental.

Deux romans, enfin, doivent être cités. Celui de Cambyse, roi de Perse (529-522 av. J.-C.), qui décrit l'invasion de l'Égypte, mêlant curieusement des éléments tirés d'Hérodote et de l'Ancien Testament et fondant en un seul personnage Cambyse et Nabuchodonosor, et le roman copte d'Alexandre, qui paraît être la traduction d'une rédaction tardive du texte grec du même titre dû au pseudo-Callisthène.

La poésie

Ce qui est resté de la poésie copte, au contenu strictement religieux, est relativement récent (ixe-xe s.). Ce sont des hymnes et des chants destinés au culte, dont ils constituent un élément important. Les théotokies, chants en l'honneur de la Vierge, qui exaltent les mystères de sa virginité et de l'Incarnation du Sauveur, utilisés pour l'office quotidien et en particulier pendant le mois de kyahk, mois marial de l'Église copte, sont sans doute parmi les plus belles pièces. Une des dernières compositions en copte est le Triadon, rédigé au xiiie s., poème didactique de 750 vers, sorte de précis d'histoire biblique et d'hagiographie. Cette poésie tardive est parfois influencée par l'arabe, auquel elle emprunte le procédé des assonances.

Sciences profanes, lexicographie et grammaire

Face à la maladie, les chrétiens, comme les anciens Égyptiens, ont eu recours à la prière, voire à la magie, mais ils ont aussi développé une pharmacologie dérivée de sources grecques et arabes. Un papyrus copte du ixe s. contient 237 recettes pharmaceutiques. Le Physiologus, dont l'original grec a été certainement rédigé à Alexandrie au iie s., permet de penser que les Coptes n'ignoraient pas les sciences naturelles. Formé de notices relatives aux minéraux et aux animaux, à leurs propriétés ou à leurs mœurs, dont l'auteur tire une symbolique des vérités de la foi, il connut une très grande vogue dans l'Antiquité et au Moyen Âge ; il en influença l'art et la littérature et est à l'origine de nos bestiaires. La traduction copte subsistante est lacunaire, mais d'abondantes citations chez nombre d'auteurs montrent sa diffusion. Enfin, les travaux de linguistique des Coptes, destinés à des lecteurs arabophones, avec leurs explications de la grammaire et du vocabulaire coptes données en arabe, seront utilisés par les érudits occidentaux comme Champollion, pour percer le mystère des hiéroglyphes.

Étrange destinée que celle de la littérature copte. Au confluent de deux cultures, égyptienne et grecque, combinées aux apports sémitiques du christianisme, elle a permis la naissance et l'enracinement d'une communauté originale qui y a trouvé son moyen d'expression. Elle reste un instrument de première importance pour l'histoire de l'Égypte et des courants philosophiques et religieux qui se sont développés sur son sol.