littérature cinghalaise

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

La langue cinghalaise, d'origine indo-aryenne avec prédominance de l'influence sanskrite et prakrite due à l'introduction du bouddhisme, se parle uniquement au Sri Lanka. Les plus anciens textes cinghalais remontent au iie s., parmi lesquels un livre de contes bouddhiques en pali, le Dhammapadathakatha. On possède actuellement trois poèmes avec les figures rhétoriques du kavya du début du xiiie s. À partir de la deuxième moitié du xiiie s., un nouveau type de poésie sous forme de quatrains rimés se développe, en opposition avec le type ancien appelé gi et fondé sur des mètres non rimés ; il subsiste encore aujourd'hui. Les textes poétiques anciens font l'objet à la même époque de commentaires ou sanne. Le xve s. voit la dernière efflorescence de la littérature avant les invasions successives des Portugais, des Hollandais et des Anglais : les « poèmes de message », sandesa, fondés sur le style du Meghadutam de Kalidasa. Entre 1600 et 1800, la littérature cinghalaise survit dans l'arrière-pays montagneux du royaume de Kandy.

Au xixe s., une abondante littérature de missionnaires voit le jour, puis les lettres cinghalaises suivent, avec un certain retard, l'évolution des littératures de l'Inde : John de Silva (1857-1922) imite le théâtre occidental, comme Piyadasa Sirisena (1875-1946) le roman européen. Les jeunes poètes de l'école de Colombo usent du parler quotidien. L'urbanisation et la montée d'une classe moyenne sont les thèmes favoris de Martin Wickramasinghe (Gamperaliya, 1944), E. R. Sarathchandra et G. B. Senanayake. Avec l'école Peradeniya apparaît une nouvelle forme poétique (nisandäs). Si Gunadasa Amarasekara reste dans le cadre de la tradition, Siri Gunasinghe révolutionne aussi bien le lyrisme (Alinikmana, 1958) que le roman (Hevanalla, 1960). Sous l'action conjuguée du cinéma et de la politique culturelle, une tendance réaliste se manifeste dans les récits d'A. V. Surawira, D. S. Ranawake, M. Ratnayaka (Aluta Gena Manamali, 1973) et dans la poésie de Roland Abaypale, Parakrama Kodituwakku, Gunasena Witana.