Wisława Szymborska
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Poétesse polonaise (Bnin, aujourd'hui dans Kórnik, près de Poznań, 1923-Cracovie 2012).
Sa famille quitte la région de Poznań pour Cracovie alors qu'elle a 8 ans. Elle y fréquente le collège le plus élitiste de la ville, dirigé par des Ursulines. Comme tous les établissements secondaires polonais, celui-ci est fermé par l'occupant allemand dès 1939 et la future poétesse passe le baccalauréat dans la clandestinité. À la libération, elle s'inscrit à l'Université, en littérature puis en sociologie (1945-1948). Attirée par la vie active dans une Pologne dont les intellectuels ont été décimés, elle ne termine pas ses études, mais écrit selon les critères imposés par le réalisme socialiste et publie deux plaquettes de poésie : Ce pour quoi nous vivons (1952), Questions posées à soi-même (1954). Elle adhère au parti communiste en 1952, mais le quitte en 1966. Elle vit à Cracovie, où elle dirige la rubrique poétique de l'hebdomadaire la Vie littéraire de 1953 à 1976. Ses articles sont regroupés dans les Lectures non obligatoires. Pour Szymborska, être poète signifie être en relation constante avec le monde. Très vite, les lecteurs polonais sont nombreux à apprécier sa poésie raffinée, lyrique, qui traite de questions existentielles. Szymborska ne publie jamais plus de quatre à cinq poèmes par an. Lors de son allocution à Stockholm, lorsque lui est décerné le prix Nobel de littérature (1996), elle affirme que le poète doit tendre à la perfection et ses paroles doivent porter sur des sujets essentiels. Elle ne s'autorise aucun gaspillage verbal lorsqu'elle traite de l'homme dans son rapport au monde, dans ses relations avec les hommes, les animaux, les objets, l'infiniment petit et l'infiniment grand. Elle recourt volontiers aux aphorismes qu'elle ne manque jamais de tronquer par la force d'une ironie très personnelle. Elle se joue des citations célèbres qu'elle complète ou pervertit. Ses vers se voient ainsi chargés d'une sagesse accessible à chacun, mais la simplicité des formulations dissimule des niveaux de lectures multiples qui finissent par initier l'amateur de poésie à un texte philosophique où domine le stoïcisme. Ses principaux recueils de poésie sont : Appel au Yeti (1957), le Sel (1962), Mille Consolations (1967), Tout hasard (1972), le Grand nombre (1976), les Hommes sur le pont (1986), la Fin et le commencement (1993).