Martin Walser

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain allemand (Wasserburg, Wurtemberg, 1927).

Dans ses premiers textes (Histoires pour mentir, 1955), on sent encore l'influence de Kafka, mais Walser trouve rapidement sa manière avec Quadrille à Philippsbourg (1957) et surtout avec la trilogie Mi-temps (1960), la Licorne (1966) et la Chute (1973) : réalisme psychologique, radioscopie de la vie quotidienne, mélange de récit objectif et de monologues intérieurs. Tous les « héros » de Walser souffrent de la société. Qu'ils soient salariés ou indépendants, représentants de commerce ou cadres, chauffeurs ou écrivains, ils doivent réussir, maintenir leur statut social. Écartelés par les rôles qu'ils sont obligés de tenir, ils perdent leur personnalité, se trouvent mutilés, aliénés et révèlent leur inconsistance. Ils mettent au point des « stratégies de survie » mais arrivent rarement à éviter la catastrophe. Selon Walser, la littérature doit contribuer à une prise de conscience, mais non proposer des explications et montrer des issues (Ressac, 1985). Au théâtre, Walser a connu des succès avec des pièces sur les séquelles du nazisme (Chêne et lapins angoras, 1962 ; le Cygne noir, 1964) ou sur les problèmes du couple (le Crochet, 1961 ; Bataille en chambre, 1967), ainsi qu'avec une parabole politique grotesque (Monsieur Krott, plus grand que nature, 1963). On retrouve dans ses pièces le même pessimisme que dans ses romans ; ce regard se teinte d'humour et de compassion dans ses essais sur la littérature (Déclarations d'amour, 1983).