Jean Herman, dit Jean Vautrin

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Metteur en scène et écrivain français (Pagny-sur-Moselle 1933-Gradignan 2015).

Cinéaste, il est tour à tour l'assistant de R. Rosselini, de J. Rivette et de V. Minelli, puis abandonne la mise en scène après avoir réalisé notamment Adieu l'ami (1967), Jeff (1968) et l'Œuf (1971). En 1973, cet ancien enseignant de français à Bombay (1955-1957) fait paraître À bulletins rouges, première intrusion de la banlieue dans le roman noir français. Avec Billy-Ze-Kick (1974), il poursuit la peinture de marginaux psychopathes sur fond d'H.L.M., en utilisant les procédés d'écriture chers à R. Queneau. Avouant des relations littéraires plus ou moins lointaines avec Céline, E. Caldwell, N. Mailer et W. Faulkner, Vautrin voit dans le roman noir le meilleur vecteur pour parler de la civilisation actuelle, cocktail de violence nocturne, de ville sale, d'automobiles, d'argent, d'armes, de musique et d'amour (Mister Love, 1977 ; Bloody Mary, 1979 ; Groom, 1980). Ce faisant, et tout en s'affirmant un des chefs de file du néopolar français, il continue une certaine tradition américaine : le héros de Canicule (1982) est d'ailleurs le fils d'un policier du 87e district d'Isola, celui précisément de l'inspecteur Carella dans les récits d'Ed MacBain. Son univers de cruauté est souvent le lieu d'expériences dramatiques dont font les frais des enfants (Patchwork, 1983 ; Baby Boom, 1985, prix Goncourt de la nouvelle 1986). En 1989, il publie Dix-Huit Tentatives pour devenir un saint et obtient le prix Goncourt avec Un grand pas vers le bon Dieu. Reprenant l'esprit des anciens feuilletons policiers, il écrit, avec son complice Dan Frank, les aventures du reporter-photographe Boro (la Dame de Berlin, 1988 ; le Temps des cerises, 1990 ; les Noces de Guernica, 1994 ; Mademoiselle Chat, 1996).