Jean Vauthier

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Auteur dramatique français (Grace-Berleur, près de Liège, Belgique, 1910 – Paris 1992).

Après une enfance bordelaise, il entre aux Beaux-Arts, devient maquettiste chez Havas puis rédacteur et dessinateur au journal Sud-Ouest. À partir des années 1950, il s'illustre comme dramaturge poète et comme adaptateur de talent, participant au renouveau théâtral de l'époque. Son célèbre Capitaine Bada (1950, prix Ibsen en 1955) met en scène René Dupont, dit Badaboum, écrivain mégalomane, martyr de l'idée, avec ses 18 000 pages à écrire, qui affronte en un long duo/duel de soliloques lyriques, disserts et bouffons, sa femme Alice, éternelle empêcheuse. Remarquée par Gérard Philipe, la pièce est créée par la Compagnie Catherine Toth, au Théâtre de Poche-Montparnasse. Le cycle du « poète empêché » – dédoublement d'une conscience tantôt lyrique, tantôt grimaçante, qui se donne le spectacle de ses combats et de ses échecs – se prolonge dans le Personnage combattant (mis en scène par Jean-Louis Barrault au Théâtre Marigny en 1956), dans le Rêveur (monté en 1961 par Georges Vitaly au Théâtre La Bruyère), dans les Prodiges (créés par Claude Régyen en 1971 au T.N.P. de Chaillot). Grand rénovateur de la tradition théâtrale à laquelle il cherche à souder de manière dynamique le théâtre contemporain, Vauthier est également l'auteur de nombreuses adaptations : la Nouvelle Mandragore, d'après Machiavel (montée en 1952 au T.N.P. par Jean Vilar) ; Medea, d'après Sénèque (montée par Georges Lavelli en 1967) ; le Sang, « fête théâtrale » inspirée de la Tragédie du Vengeur de Cyril Tourneur (création M. Maréchal, Lyon, 1970) ; Ton nom dans le feu des nuées, Élisabeth (1976), d'après Arden de Faversham ; le Massacre à Paris, d'après C. Marlowe (monté par P. Chéreau en 1972) ; nombreuses adaptations de Shakespeare enfin (Roméo et Juliette, 1956 ; Othello, 1979 ; le Roi Lear ; 1987). Il a écrit aussi le scénario et les dialogues du film les Abysses de Nico Papatakis (1963).