Urabe Kenko

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète et essayiste japonais (vers 1280 – v. 1360).

Issu d'un famille de courtisans, spécialisés dans le culte shinto, Urabe Kaneyoshi (Kenko en religion) vit sa carrière déterminée par la division de la cour, et avec elle des cercles poétiques, en deux factions rivales, celles du Daigakuji et du Jumyoin. C'est à la première et par conséquent à l'école poétique de Nijo que le rattachent ses liens familiaux. Après avoir fait ses débuts à la cour, il est sans doute amené par son goût de l'étude à embrasser la vie religieuse, seule capable de lui assurer le loisir indispensable. Exerçant des responsabilités accrues au sein de l'école Nijo, il semble en revanche rester à l'écart des troubles politiques qui éclatent en 1331. Sous le régime des Ashikaga, il poursuit ses activités au sein de l'école Nijo proche de Takauji. En 1448, on le trouve dans l'entourage de Ko no Moronao. Poète en vue, auteur d'un recueil de waka, Kenko est surout resté dans l'histoire de la littérature comme l'auteur des Heures oisives, où il réunit au gré du pinceau, un peu à l'exemple des Notes de Chevet de Sei Shonagon, pensées, remarques ou anecdotes variées comme elles lui viennent à l'esprit. Alliant une observation aiguë et parfois caustique de la société de son temps à la nostalgie de l'âge d'or de Heian, Kenko puise dans le Zhuangzi et le bouddhisme un détachement amusé, qui de la contemplation même de l'inconstance des choses fait la source d'une affirmation joyeuse de la vie. Ouvrage au style aphoristique, en apparence décousu, les Heures oisives constituent une des expressions les plus pénétrantes de la tradition esthétique du Japon, et exerceront une influence durable. Enrichie d'éléments apocryphes, la figure de Kenkô connaît une grande faveur à l'époque d'Edo, qui fait de lui un arbitre des élégances (sui) et un connaisseur du cœur humain.