Ueda Akinari
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain japonais (Osaka 1734 – Kyoto 1809).
Fils d'une courtisane, il est adopté à l'âge de 3 ans par un riche marchand. Une attaque de variole dans sa prime jeunesse le laisse pratiquement infirme des deux mains et il attribuera à sa survie un caractère miraculeux. La mort de son père adoptif (1761) le place soudain à la tête d'un commerce important, ce qui ne l'empêche pas de se lancer dans la littérature : après avoir publié quelques haikai, il donne coup sur coup (1766-1767) deux ukiyozoshi (le Singe mondain à l'écoute sur tous les chemins, Caractères de femmes entretenues). Ce n'est qu'après la rencontre décisive avec le philologue Kato Umaki que paraîtra son œuvre majeure, les Contes de pluie et de lune (1768-1776), recueil de neuf légendes fantastiques où le sens profond du surnaturel se nourrit d'une intime connaissance des classiques japonais et chinois. Au cours des longues années de gestation de l'œuvre, les conditions d'existence de l'auteur ont toutefois bien changé : un incendie ayant ruiné son commerce, il étudie la médecine, qu'il pratiquera à compter de 1775. Une controverse demeurée célèbre l'oppose sur des points de langue et de littérature anciennes au philologue Motoori Norinaga. Cependant, après la mort d'une petite malade dont il se sentira responsable (1788), il abandonne la pratique médicale et connaît une existence précaire, assombrie encore par la perte de sa femme et par la cécité. Il n'en continuera pas moins à écrire, publiant un recueil de waka (1806), réglant quelques comptes personnels dans ses Notes téméraires et circonspectes (1808), mais consacrant en fait l'essentiel de son activité à l'étude critique de la poésie ancienne (Poudre d'or, 1804). À la veille de la mort, il renoue avec la littérature de fiction dans les Contes des pluies de printemps (1808), où il cherche à retrouver, au-delà des apports bouddhiste et confucianiste, l'essence d'un Japon primordial.