Pontus de Tyard

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète français (Château de Bissy, Mâconnais, 1521 – Bragny-sur-Saône 1605).

Il publie en 1549 sa première œuvre poétique, les Erreurs amoureuses, recueil de sonnets décasyllabiques et de chansons voué à une certaine Pasithée, être idéal, image de la divinité et de la science suprême qui constituent pour Tyard l'objet de la quête poétique. Suivies d'une Continuation en 1551, les Erreurs amoureuses seront, en 1555, augmentées d'un troisième livre et d'un Livre de vers lyriques. Dans ces nouveaux recueils, l'influence de la Pléiade est sensible. C'est également vers 1555 que Tyard compose un opuscule, publié en 1586, les Douze Fables de fleuves ou fontaines, recueil significatif pour le témoignage qu'il offre de la prédilection du poète pour le thème de la métamorphose.

Tyard est aussi philosophe. Le Solitaire premier (1552) expose une théorie de la « fureur » poétique empruntée à Platon et à Ficin : la poésie est la première des quatre « fureurs » (poétique, religieuse, prophétique et amoureuse) qui permettent à l'âme humaine, dégradée du fait de son incarnation terrestre, de s'épurer progressivement jusqu'à recouvrer son essence originelle, de nature céleste et spirituelle. Également inspiré de Platon, le Solitaire second ou Discours de la musique (1552) unit théorie esthétique et science de l'Univers : la « musique mondaine » et la « musique humaine » y sont rassemblées sous le concept commun d'harmonie, appliqué dans un cas à l'Univers, dans l'autre aux facultés physiques et spirituelles de l'homme. Pour n'être pas foncièrement originaux dans leurs fondements philosophiques, ces deux ouvrages n'en constituent pas moins le plus sérieux travail de réflexion produit par l'humanisme français sur le problème de la création artistique.

C'est au seul Univers sous ses aspects tant matériels (physiques, astronomiques, météorologiques, etc.) que métaphysiques qu'est consacré l'Univers ou Discours des parties et de la nature du monde (1557), traité que l'édition de 1578 divisera en deux livres, dénommés respectivement le Premier et le Second Curieux. Plus original que le Discours du temps, de l'an et de ses parties (1556), proche d'un simple calendrier, le Mantice ou Discours de la vérité de divination par astrologie (1558) dissimule, sous un titre antiphrastique, un pamphlet contre l'astrologie, dénoncée comme une imposture.

Compté au nombre des élus de la Pléiade, Tyard a étayé son activité de poète d'une réflexion philosophique cohérente sur la création artistique et ses rapports avec l'essence de l'Univers.