Thomas Lanier Williams, dit Tennessee Williams

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain américain (Colombus, Mississippi, 1911 – New York 1983).

Après la Bataille des anges (1940) et Blues américain (1948), qui réunit cinq pièces en un acte, il s'impose avec la Ménagerie de Verre (1945) et Un tramway nommé désir (1947), pièces de l'innocence perdue et de la frustration féminine, inséparable d'une violence mélodramatique, et d'un jeu ambigu sur le bien et le mal. Un été de feu (1948), la Rose tatouée (1951), la Chatte sur un toit brûlant (1955), la Descente d'Orphée (1957), Soudain l'été dernier (1958) marquent l'acmé de la production théâtrale. On y trouve l'expression paroxystique de la crainte de l'échec et la notation de la monstruosité que porte en lui tout individu. Les pièces suivantes (notamment Période d'adaptation, 1960 ; la Nuit de l'iguane, 1961), reprennent, directement ou indirectement, les données des pièces antérieures et, sans effacer le sentiment d'étrangeté, le placent sous le signe de l'apaisement. Jusqu'à Un peu de nuages, un peu d'éclaircies (1981), l'imaginaire du théâtre de Tennessee Williams est celui de l'exclusion, qui appelle les gestes de la pathologie comme seuls moyens d'expression du sujet. Il offre l'image d'une sensibilité totale et commande une mise en scène et un jeu d'acteur, qui, échappant aux seules contraintes de la vraisemblance, soulignent par des moyens artificiels l'univers implacable de la transgression. Il y a alors exacte rencontre entre cet imaginaire et l'oralité du théâtre : dans la solitude, dans la pathologie de l'exclusion, il reste la parole et le spectacle de l'autre. À l'œuvre théâtrale s'ajoutent des poèmes (Dans l'hiver des villes, 1976), des essais (Là où je vis), des souvenirs (Mémoires, 1975), des récits et des romans (le Printemps romain de Mrs. Stone, 1953).

Tennessee Williams, juin 1952, lecture de Heavenly Grass
Tennessee Williams, juin 1952, lecture de Heavenly Grass