Henri Thomas

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain français (Anglemont, Vosges, 1912 – Paris 1993).

De famille modeste, boursier de l'État puis brillant élève d'Alain, il renonce à l'École normale pour voyager et écrire. Ses premiers poèmes, dans la revue Mesures en 1938, seront suivis de plusieurs recueils de petites pièces rimées et musicales (Travaux d'aveugle, 1941 ; Signe de vie, 1944 ; le Monde absent, 1947 ; Nul Désordre, 1950 ; À quoi tu penses, 1980 ; Joueur surpris, 1982). Collaborateur de nombreuses revues (Terre des hommes, 84, Obsidiane), il est surtout romancier, plaçant le quotidien dans l'éclairage secret et inquiétant d'une lumière inconnue sous laquelle êtres et objets finissent par s'éroder. Aussi aiguisés que soient les sens, vue et ouïe, ils ne peuvent saisir qu'« une ombre de sens ». Les personnages, dont le réccurrent de Paul Souvrault, double de l'auteur, sont ainsi souvent mal à l'aise, mais découvrent au pire de l'adversité la grâce de leur présence au monde (le Seau à charbon, 1940 ; la Vie ensemble, 1943 ; les Déserteurs, 1951 ; la Nuit de Londres, 1956 ; la Dernière Année, 1960 ; John Perkins, 1960, prix Médicis ; le Promontoire, 1961, prix Femina ; le Parjure, 1964 ; la Relique, 1969 ; le Migrateur, 1983 ; le Croc des chiffonniers, 1985). Avec la même exigence littéraire, ses nouvelles (la Cible, 1955 ; Sainte Jeunesse, 1973 ; les Tours de Notre-Dame, 1977), ses notes et essais critiques (le Porte-à-faux, 1949 ; la Chasse au trésor, 1961 ; Compté, pesé, divisé, 1989), invitent le lecteur, avec humour parfois, au paradoxe quotidien du « délice et supplice de vivre ». Il est aussi le traducteur important de Shakespeare, de Melville, de Pouchkine et de Jünger.