Théophile de, dit aussi Théophile Viau

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète français (1590 – 1626).

Né dans une famille protestante, ce libertin de goût mena d'abord une vie vagabonde et apparut comme le chef de file de la jeunesse dorée de la cour. Exilé une première fois en 1619 pour des « vers indignes d'un chrétien », il rentra en grâce auprès du duc de Luynes, mais dut fuir bientôt en Angleterre, où il fut bien accueilli par le duc de Buckingham. Revenu au bout de deux ans, il s'instruisit dans la religion catholique et abjura entre les mains du P. Séguiran. Mais en 1622, les jésuites lui imputèrent la publication du Parnasse des poètes satyriques : Théophile de Viau est l'un des auteurs de ce recueil collectif de poésies libertines (1622) aux côtés de Berthelot, Colletet, Faret, Motin ; certaines de ces « priapées » mêlaient à la critique sociale et à la dénonciation des contraintes morales un franc libertinage. Aussi le jésuite François Garasse lança-t-il contre lui la même année sa Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps. Théophile allait devenir, par cet ouvrage dont le style railleur devait être lui aussi violemment critiqué, le prototype du libertin impie et irréligieux pour tout le siècle. Arrêté, il attendit son jugement plus de deux ans et échappa de peu à la condamnation à mort ; il fut exécuté en effigie et banni à vie de Paris, mais mourut à 36 ans des persécutions subies, un an après sa libération. Ses œuvres poétiques parurent en trois volumes, entre 1621 et 1626. Elles contiennent sa tragédie Pyrame et Thisbé, jouée en 1621 et qui connut un grand succès. Mais ce sont surtout ses Élégies composées en prison, qui montrent, par-delà la tradition renaissante dans laquelle elles prennent place, une originalité de ton d'une grande modernité. Son Traité de l'immortalité de l'âme et l'esquisse autobiographique intitulée Première Journée montrent une prose classique nerveuse, sans latinisme, et d'une clarté étonnante, si on le compare à ses contemporains.