Wallace Stevens

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain américain (Reading, Pennsylvanie, 1879 – Hartford, Connecticut, 1955).

L'ensemble de son œuvre poétique (Harmonium, 1923 ; Notes pour une fiction suprême, 1942 ; Esthétique du Mal, 1945 ; les Aurores de l'automne, 1950) a pour mobile constant une réflexion sur le rapport de la conscience et de l'objet, sur l'aptitude de l'objet à échapper à une définition pleine. La poésie apparaît comme le dernier moyen pour tenter une approche signifiante de l'objet, pour établir le jeu du sens, contre les échecs du symbolisme et du postsymbolisme, et à partir de l'idée que la perte de la foi libère l'imagination et garantit la quête du sens. Cette recherche appelle une symbolique nouvelle et une synthèse qui conduit à la « fiction suprême », qui rassemble les universaux et suggère l'harmonie des choses entre elles, mais aussi des mots et des choses. Subsiste cependant le constat de la précarité du monde, qui interdit au mot et à l'image de se fixer. Aussi la quête poétique devient-elle quête d'un ordre idéal, qui reconduit d'abord à la symbolique de l'ordre naturel (notamment, le cycle des saisons). Le caractère inévitable du changement impose aussi un impressionnisme, point d'appui pour la constitution de la « fiction suprême ». Les essais, réunis sous le titre l'Ange nécessaire (1951), confirment l'éthique de cette poésie et esquissent le portrait du poète comme celui d'un Prométhée du langage, auquel ne serait finalement pas donnée la possibilité de rejoindre le monde par le mot.