Skamander

(Scamandre)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Groupe de poètes polonais formé à Varsovie en 1918 par J. Lechoń, J. Tuwim, A. Słonimski, J. Iwaszkiewicz et K. Wierzyński, rejoints par F. Przysiecki, S. Baliński, L. Okołów-Podhorski, M. Braun, Z. Karski, M. G. Karski, I. Tuwim, J. Brzechwa, J. Paczkowski, Ś. Karpinski, J. Minkiewicz. Ils s'expriment d'abord dans des revues d'étudiants (Pro Arte et Studio, 1916-1919), clament leurs vers au cabaret le Picador et se trouvent un nom en fondant la revue Skamander (1920-1928 et 1935-1939), rappelant un vers de Wyspiański qui compare la Vistule devant le château royal de Wawel à Cracovie au Scamandre sous les murs de Troie. Les Skamandrites ont en commun le respect des formes poétiques classiques, le désir d'écrire des vers accessibles à tous et le refus de la tradition prophétique de la poésie polonaise : « Et qu'au printemps, je vois le printemps, pas la Pologne », écrit Lechoń (Érostrate, 1920). Leur groupe exercera une influence majeure sur la forme poétique de l'entre-deux-guerres. Ils n'ont pas de programme, mais des postulats (vitalité, activité, le poète prend une part active dans la vie quotidienne de la Pologne renaissante) qui autorisent la coexistence de personnalités poétiques diverses, favorisent l'éclosion de talents originaux. Ils créent un nouveau héros lyrique, monsieur-tout-le-monde, le citadin banal, pour une « poésie du quotidien » qui s'exprime comme l'homme de la rue. L'irruption d'un vocabulaire nouveau en poésie converge volontiers avec l'intervention de l'humour ou de l'ironie, voire de la satire, jusque dans les textes les plus lyriques alors que l'ambiance spécifique de la poésie reste préservée. La Seconde Guerre mondiale disperse les Skamandrites aux quatre coins du monde. Ceux qui survivent au cataclysme évoluent de façons diverses, étroitement dépendantes du sort que le destin leur a réservé.