Andrea De Chirico, dit Alberto Savinio

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Peintre, compositeur et écrivain italien (Athènes 1891 – Rome 1952).

Frère cadet de Giorgio De Chirico, il vécut de 1910 à 1914 à Paris où, après avoir collaboré aux Soirées de Paris, il écrivit en français le drame le Chant de la mi-mort (1914). En 1925, Savinio commença son activité de peintre surréaliste, qu'il définit comme un art qui « ne se contente pas de représenter l'informe ; il veut donner forme à l'informe et conscience à l'inconscient », plus proche en cela du classicisme onirique de la peinture métaphysique issue de la scénographie de ses ballets et de ses pièces (la Mort de Niobé, 1925 ; Capitaine Ulysse, 1934). L'humour et le fantastique d'Hermaphrodito (1916) annoncent aussi bien les autobiographies imaginaires de Hommes, racontez-vous (1942) et les nouvelles de Toute la vie (1945) que l'atmosphère de sa peinture, elle-même parcourue de fantasmes littéraires. Savinio s'est voulu l'écrivain de la transition, l'enregistreur des changements irréversibles (Vie des fantômes, 1925 ; Angélique ou la Nuit de mai, 1927 ; Achille énamouré, 1938 ; Je te le dis, Clio, 1940). Pour lui, c'est par ces changements et ces transitions que l'existence individuelle et la vie collective sont proprement fantastiques. Ainsi, dans son recueil de nouvelles Achille énamouré, l'ironie et les ressources calculées du jeu onirique établissent un fantastique subtil. Savinio n'a cessé de réfléchir sur le rapport entre l'acte créateur et le temps (Maupassant et l'Autre, 1960 ; Encyclopédie nouvelle, 1978) : « Écrire en écrivain signifie écrire non pas à partir du présent, mais soit par souvenir, soit par anticipation. D'où l'on peut déduire cette définition du journaliste : celui qui écrit sans mémoire  ».