Domingo Faustino Sarmiento

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Homme d'État et écrivain argentin (San Juan 1811 – Asunción, Paraguay, 1888).

Il participa à la lutte contre Quiroga, caudillo qui sera plus tard le personnage central de son livre Facundo. Fait prisonnier, il s'enfuit au Chili (1831). De retour dans sa patrie (1837), il fonda la Sociedad literaria et le périodique El Zonda, avant d'être emprisonné pour ses écrits politiques. À nouveau réfugié au Chili, il collabora au Mercurio et soutint contre Andrés Bello une célèbre polémique sur l'idée de progrès dans la culture et sur l'imitation des modèles français : Sarmiento préconisait une rupture brutale avec le passé, condition nécessaire, selon lui, à l'élaboration de nouvelles formes de pensée et d'expression. Simultanément, il fondait El Progreso (1843), premier quotidien de Santiago. Puis il se rendit aux États-Unis et en Europe pour y étudier les différents systèmes pédagogiques, rentra au Chili (1848), fonda la Crónica et rejoignit (1851) Urquiza dans sa lutte victorieuse contre le dictateur Rosas. En désaccord avec Urquiza, il dut une nouvelle fois s'exiler au Chili (1852), s'installa enfin à Buenos Aires (1855), où il fut élu à la présidence de la République (1868-74). Après ce mandat, il fut ministre de l'Éducation, sénateur, et fonda El Censor.

L'œuvre de Sarmiento a été recueillie en 52 volumes, constitués par un nombre impressionnant d'essais en tout genre, histoire, biographie, pédagogie, doctrine politique, sociologie, philosophie, géographie, ainsi que par des romans et des centaines de textes de conférences, de lettres et d'articles. Son roman le plus célèbre, considéré comme une des œuvres maîtresses de l'Amérique du xixe s., est Facundo (1845), histoire des guerres civiles argentines et de leurs causes, étude des mœurs et des archétypes de l'Argentine de l'époque et réflexion de géographie politique qui débouche sur une interprétation philosophique de l'histoire. Dans Voyages à travers l'Europe, l'Afrique et l'Amérique (1849), Sarmiento étudie les pays visités, d'un point de vue philosophique et historique, soutient que l'Europe est à son déclin et propose les États-Unis comme modèle aux jeunes démocraties latino-américaines. Souvenirs de province (1850), refonte et développement de Ma défense (1843), est un plaidoyer pour lui-même, où il se justifie des accusations portées contre lui par Rosas, en même temps qu'une émouvante évocation de sa province natale et d'une communauté qu'il s'est donné pour tâche d'instruire. Ses ouvrages de réflexion pédagogique ou sociologique complètent l'œuvre de ce « gaucho » qui assuma ce qu'il tenait pour sa vocation principale, son destin historique : instruire son peuple et, grâce à l'éducation, l'arracher à la barbarie pour l'intégrer à la civilisation. C'est là l'objet principal d'une œuvre écrite dans une langue torrentielle qui, malgré ses outrances et les défauts de son style, fait de lui un grand romantique et l'un des meilleurs prosateurs de l'Amérique latine.