Vassili Vassilievitch Rozanov

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain russe (Vetlouga 1856 – Serguiev 1919).

Marié à Apollinaria Souslova, qui fut la maîtresse de Dostoïevski, il gagna sa vie comme professeur puis comme fonctionnaire. Il commence par écrire des essais philosophiques, un article sur Dostoïevski (la Légende du Grand Inquisiteur, 1891), puis mène une carrière de journaliste et de polémiste, slavophile et conservateur, fortement antisémite. Il rejette le christianisme à cause de sa morale et de son ascétisme et cherche à retrouver une religion « organique » en magnifiant la sexualité, l'acte sexuel lui-même (la nuit de noce devrait avoir lieu dans l'église), la fertilité (la « semence ») ou le foyer familial (celui qu'il fonde avec sa seconde compagne). Individualiste, alliant un raffinement intellectuel à une sorte d'exhibitionnisme, il demeure un maître du mot, mêlant la métaphore au trivial, le pathétique à l'indécence. Il est aussi l'inventeur, avec les Feuilles tombées (1913 et 1915) et l'Apocalypse de notre temps (1918), d'une forme d'expression radicalement nouvelle, une écriture par fragments regroupés en « paniers » où le cheminement de sa pensée se dévoile dans sa nudité, avec ses contradictions, et sans se soucier de l'image ainsi donnée.