Roger Nimier
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain français (Paris 1925 – dans un accident d'automobile 1962).
Sa mort, aux côtés de Sunsiaré de Larcône, fit de lui un James Dean qui serait aussi un moraliste atteint de langueur, dans la lignée de Rigaut et de Drieu La Rochelle. Une qualité de ton et un certain anticonformisme seront la marque des « grognards et hussards », J. Laurent, A. Blondin, R. Nimier et, ensuite, M. Déon. Pour Nimier et Blondin, Kleber Haedens, Stephen Hecquet ou Éric Ollivier, la littérature et l'amitié sont indissociables. Attiré comme d'autres jeunes écrivains de droite par les écrivains maudits au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il aura comme intercesseurs Bernanos, Chardonne, Morand, Montherlant et Céline, qu'il contribuera à ressusciter chez Gallimard, où il deviendra conseiller littéraire. S'il s'engage vraiment en 1945 dans le régiment des hussards, c'est par hantise de l'action. Les Épées (1948) sont le livre insolent d'un rebelle sans cause et le rêve des guerres qu'il ne fit pas. Le héros du Hussard bleu (1950) est un bien « mauvais survivant », indifférent aux affaires humaines. Ce livre lui assurera la célébrité. Les Enfants tristes (1951) seraient le portrait sentimental d'une génération en porte-à-faux dans l'histoire, soucieuse de défendre un esprit hexagonal, mélancolique et dandy. Toutefois, Nimier conquiert le milieu littéraire avec méthode, passant de la revue la Table ronde, tenue par François Mauriac, pour contrer l'existentialisme, à Opéra, journal de la vie parisienne, dont il sera rédacteur en chef. Le journalisme comme exercice de vélocité lui sera un antidote contre la tristesse. Mais il semble désenchanté du monde parisien, sans jamais pourtant devenir un voyageur. Au double discours des bourgeois et des révolutionnaires, tous triomphants (le Grand d'Espagne, 1950), Nimier oppose une écoute aristocratique, un scepticisme qui n'interdit pas l'indignation, une lucidité désenchantée (Amour et Néant, 1951 ; Histoire d'un amour, 1953). Après sa mort ont paru deux romans (D'Artagnan amoureux ou Cinq Ans avant, 1962 ; l'Étrangère, 1968), des essais critiques (Journées de lecture, 1965 ; l'Élève d'Aristote, 1981) et, récemment, des chroniques et des nouvelles.