André de Richaud

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète français (Perpignan 1909 – Montpellier 1968).

Orphelin de père à 5 ans, élevé par une mère dont l'image hantera toute son œuvre, condisciple de Pierre Seghers au collège de Carpentras, lié avec Joseph Delteil (il lui consacrera une Vie de saint Delteil en 1929), professeur de philosophie à Meaux, il publie en 1930 la Création du monde, récit de la Genèse fait par un paysan ivrogne : ce poème en prose, transparent et lumineux, se place dans la grande tradition des conteurs provençaux, qu'il porte à son sommet. Un voyage en Grèce, l'amitié de Fernand Léger ouvrent une période féconde marquée par des romans (la Douleur, 1930 ; l'Amour paternel, 1936) et des pièces de théâtre (Village, 1931 ; le Château des papes, 1932 ; Hécube, 1937). Mais la Confession publique (1944) et le Droit d'asile (1937-1955) témoignent d'un même sens tragique de la vie, un même appel à l'Autre. Au contraire des paroles et des jugements qui ne s'incrustent nulle part, la poésie, pensée et communication des âmes, brûle la vie, secoue l'homme et en appelle aux dieux. Je ne suis pas mort (1965) prolonge le récit autobiographique qu'était la Confession : l'« amour dénoué », le « poignard sanglant », le « vent mortel » sont les images mêmes de la vie du poète qui s'effiloche dans un asile de Vallauris. André de Richaud, qui avait fait entrevoir à Camus « le monde de la création », a gardé son masque de poète maudit.