Georges Ribemont-Dessaignes

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain français (Montpellier 1884 – Saint-Jeannet 1974).

Fils d'un gynécologue de renom, il fut élevé à Neuilly, où, très jeune, il s'adonna à la peinture. Élève à l'École des beaux-arts, il exposa à partir de 1905, participa aux rencontres de Puteaux chez les frères Villon (Duchamp-Villon, Marcel Duchamp), et se lia avec Picabia. Durant la guerre, mobilisé dans le Service des renseignements aux familles, il composa des poèmes et une pièce de théâtre, l'Empereur de Chine, qui fut publiée dans la collection Dada avec le Serin muet (1921). Suivit une autre pièce, le Bourreau du Pérou (1928), qui, avec Arc-en-ciel, le Partage des eaux, formaient un ensemble théâtral de caractère dadaïste où, sous des dehors burlesques, s'exprimait, à travers la violence des actes et du langage, une quête radicale de l'absolu. Polémiste vigoureux du mouvement dada (Dada I et II, 1974), il ne tarda pas à s'en éloigner autant pour des raisons matérielles que par refus d'une agitation vaine. Retiré à Montfort-l'Amaury (1922), où il gérait un élevage de poulets, il publia des romans d'un esprit nouveau par leur ironie, sans contrôle de la conscience : l'Autruche aux yeux clos (1924), Ariane (1925), Céleste Ugolin (1926). Chaque fois, un personnage parcourt jusqu'aux limites le champ de ses désirs pour se heurter au néant. Lié aux surréalistes, l'écrivain défendit le groupe du Grand Jeu et rompit en visière avec Breton. Il dirigea la revue Bifur (1929-1931), remarquablement ouverte sur l'étranger. Le Bar du lendemain (1927), Frontières humaines (1929) poursuivirent une réflexion désabusée sur la condition humaine, qu'il développa dans le Vestiaire de la personnalité (Adolescence, 1930 ; M. Jean ou l'Amour absolu, 1934). Il quitta alors Paris et devint hôtelier en Dauphiné. En 1944, il s'installa à Saint-Jeannet, fit paraître un recueil de poèmes, Ecce homo (1945), et des romans (Smeterling, 1946 ; le Temps des catastrophes, 1947) confirmant sa philosophie : un Jonas sans la foi. Telle est la sagesse qu'expriment ses Mémoires, Déjà jadis (1958). Fils spirituel de Jarry, suspectant tous les sentiments et ne voyant que la pourriture humaine, Georges Ribemont-Dessaignes fut profondément dada par la valeur libératoire qu'il accordait à la création artistique.