René Charles Guilbert de Pixerécourt

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Auteur dramatique français (Nancy 1773 – id. 1844).

Il est, sinon le « père », du moins le maître incontesté du mélodrame auquel il sut donner son heure de gloire, en profitant de la vogue pour le roman gothique dont il s'inspire. C'est en adaptant pour la scène un roman noir de Ducray-Duminil, Victor ou l'Enfant de la forêt (1798) que Pixerécourt rencontre son premier triomphe, un triomphe qui se reproduira pour les quelque cent dix pièces qui suivront (les Orphelins du hameau, 1801 ; le Chien de Montargis ou la Forêt de Bondy, 1814 ; le Château de Loch-Leven, 1822 ; Latude ou Trente-Cinq Ans de captivité, 1834). Une telle fécondité ne peut se concevoir sans « reprise ». De fait, Pixerécourt a employé pratiquement la même trame narrative et la même typologie de personnages tout au long de sa carrière. Un pareil triomphe paraît dès lors inexplicable pour qui lit aujourd'hui un tel théâtre. Mais Pixerécourt ne se vantait-il pas d'écrire « pour ceux qui ne savent pas lire » ? Il serait faux de croire pour autant que le public qui se précipitait chaque soir sur le « Boulevard du crime » était exclusivement populaire. Bien au contraire, le mélodrame trouva une large audience auprès de la bourgeoisie libérale dont il véhiculait l'idéologie et qui désertait chaque jour davantage le théâtre classique pour les pièces « à grand spectacle ». Danses, musique, emphase dans le sentimentalisme atteindront leur but : « Vive le mélodrame, dira Musset, où Margot a pleuré ! ».