Ramón del Valle y Peña, dit Ramón María del Valle-Inclán

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain espagnol (Villanueva de Arosa, Galice, 1869 – Saint-Jacques-de-Compostelle 1936).

Il est l'auteur d'une œuvre considérable, tant en qualité qu'en quantité, à laquelle on pourrait attribuer le qualificatif de « baroque ». Ses premiers récits en prose (Féminines, 1895 ; Epitalamio, 1897) empruntent beaucoup aux décadents et aux symbolistes. Les Mémoires du marquis de Bradomín racontent les aventures d'un personnage à mi-chemin entre Don Juan et Casanova, « laid, catholique et sentimental », et fournissent la matière de quatre nouvelles en prose poétique, les Quatre Sonates, dont chacune porte le nom d'une saison : la Sonate d'automne, d'ambiance galicienne (1902) ; la Sonate d'été, d'ambiance mexicaine (1903) ; la Sonate de printemps, sur un fond de Renaissance italienne (1904) ; la Sonate d'hiver, d'ambiance navarraise et carliste (1905). Jardin ombreux (1903-1914) et Fleur de sainteté (1904) sont des recueils de souvenirs de son enfance en Galice, à laquelle il consacra une trilogie, la Guerre carliste (1908-1909), qui comprend les Croisés de la cause, la Lueur du brasier et Comme un vol de gerfauts. Tirano Banderas (1926) raconte sur le mode tragi-comique l'histoire d'un didacteur ibérique imaginaire et pourtant très concret, tandis que les deux romans du cycle de l'Arène ibérique (la Cour des miracles, 1927 ; Vive mon maître, 1928) offrent un tableau cinglant de la cour décadente de la reine Isabelle.

Ayant débuté au théâtre par des pièces épiques et lyriques (le Marquis de Bradomín, 1906) ou qui représentent personnages et paysages de Galice (Comédies barbares, 1907-1922), il donne à la scène la Marquise Rosalinda (1913), « farce sentimentale et grotesque », où percent des éléments de parodie, une tragi-comédie (Divines Paroles, 1920) qui relève du théâtre panique. Son sentiment du tragique de la vie le pousse à faire la caricature du monde réel dans ses « esperpentos » (ou farce-épouvantail), courtes pièces en prose qui mettent en scène des personnages affligés de difformités physiques ou morales (les Lumières de Bohême, 1924). Ses trois recueils de poésie (Arômes de légende, 1907 ; la Pipe de kif, 1919 ; le Passager, 1920) montrent, de l'esthétisme idéaliste au réalisme classique, la même évolution que l'ensemble de l'œuvre.