Pu Songling
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain chinois (5 juin 1640 – 25 février 1715).
D'une famille de lettrés appauvris, il réussit à 18 ans l'examen de bachelier mais n'obtint le grade de licencié qu'à 70 ans, au bénéfice de l'âge. Entre 1679 et 1711, il vit dans la famille Bi comme précepteur et ami, enfin à l'abri des besoins matériels. Alors qu'il a écrit des poèmes, des essais, et des pièces de théâtre, sa notoriété ne repose que sur un ouvrage publié cinquante ans après sa mort, les Contes extraordinaires du pavillon du loisir (1766). En chantier entre 1665 et 1707, ces « chroniques de l'étrange » comprennent près de cinq cents pièces rédigées dans une langue littéraire admirable. Dans le droit fil de la tradition chinoise de la notation scrupuleuse des faits sortant de l'ordinaire (zhiguai xiaoshuo), Pu Songling présente ses histoires, peuplées de créatures de l'au-delà incarnées provisoirement, comme des récits véridiques situés dans le temps et l'espace et recueillis par lui auprès de personnes vivantes. Pu Songling joue avec virtuosité du suspense ainsi créé, car nul ne sait jamais exactement à qui il a affaire. Chemin faisant, il communique, non sans humour, son indignation face à la dureté du monde dans lequel il vit. Il a su marquer de son génie un genre jusqu'alors souvent impersonnel, le hissant au rang des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature classique chinoise, tout en éclipsant ceux qui l'imitèrent, tels Ji Yun (1724-1805) et Yuan Mei (1716-1798).