Pieter Cornelis Hooft
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Auteur dramatique, historien et poète hollandais (Amsterdam 1581 – La Haye 1647).
Plein d'admiration pour la culture italienne, qu'il découvrit lors du « grand tour » que son père lui fit faire pour le préparer à une carrière de négociant, il adressa une Lettre rimée à la chambre de rhétorique dès 1600, et utilisa ses expériences pour amender les esquisses de son premier drame Achille et Polyxène : le texte, qui date de 1597 et qui fut édité en 1614 à Rotterdam sans l'aveu de l'auteur, marqua l'introduction de la tragédie classique en Hollande. L'influence des théories de Sénèque est toujours sensible dans Ariane (1602) et Baeto (1617), mais c'est surtout les pièces historiques qui feront de lui la figure de proue de l'Âge d'or hollandais : ainsi Geeraerdt Van Velsen (1613), procès moral d'un prince médiéval et analyse shakespearienne de l'accession au pouvoir, lui gagna la faveur des lettrés. Il dut toutefois son succès populaire à ses comédies moralisantes (Masques et Jeu de mariage, 1602 ; la Vénus aveugle, 1607) et surtout Warenar (1616), qui, bien avant Molière, adapte l'Aulularia de Plaute. Si ses poèmes d'amour et sa pastorale Granida (1606) répondent à la galanterie du temps, le poème inachevé de l'Élégie (1607-08), dédié à la mémoire de Brechje Spiegel qui s'était suicidée, témoigne d'un sentiment vrai. S'il dirigea, avec Bredero, l'Églantier de 1613 à 1617, il suivit Coster lors de la fondation de la Nederduytsche Academie et se consacra désormais à ses travaux d'historien. Sa résidence de bailli de la capitale, le Muiderslot, devint un cercle culturel : il y reçut Vondel et Huygens, et après la publication des Emblemata amatoria (1611) et d'Henri le Grand (1626), biographie d'Henri IV de France présenté comme le modèle de l'homme d'État, il entama la rédaction des Histoires des Pays-Bas, dont les 27 volumes (1642-1654) restent le premier monument du néerlandais classique.