Paul Antschel, dit Paul Celan

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète autrichien (Cernăuţi, Bucovine, 1920 – Paris 1970).

Juif « polypatriotique » de langue allemande, il a connu les camps de travail et vu la déportation de ses proches. La Shoah a marqué toute son œuvre, qui part de Trakl et de Rilke pour tendre vers une forme d'hermétisme. Vivant à Paris dès 1948, il publie en 1952 Pavot et Mémoire, où figure « Fugue de mort ». Depuis De Seuil en Seuil (1955) et Grille de parole (1959), la refondation de la langue allemande, inséparable de la mémoire des morts et d'une poétologie résistante, passe au premier plan. Dans la Rose de personne (1963), dédié à Mandelstam, la solidarité avec les humiliés fait du poème un lieu d'espoir dialogique. L'œuvre tardive (Tournant du souffle, 1967 ; Soleils de fils, 1968 ; Contrainte de lumière, 1970 ; Part de neige, 1971 ; Enclos du temps, 1976) exprime de façon plus radicale le désespoir de ne jamais pouvoir transmettre l'expérience historique et poétique. Souffrant de graves troubles psychologiques, Celan se suicida.