Nguyên Du

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Lettré vietnamien (Tiên Diên, prov. de Hà Tinh, 1765 – Huê 1820).

D'origine noble, fidèle aux derniers rois de la dynastie des Lê, il accepta néanmoins de servir les Nguyên et composa, à l'occasion de son ambassade en Chine (1813), le Kim Vân Kiêu, écrit en caractères démotiques et comprenant 3 254 vers composés selon le genre luc-bat (suite de distiques formés d'un vers de 6 mots et d'un de 8 mots). Kim, Vân et Kiêu sont les noms des trois principaux personnages du récit. S'inspirant largement d'un roman chinois en prose de la fin du xvie s., l'auteur évoque l'existence malheureuse de Kiêu, jeune fille d'une grande beauté, mais vouée à une suite d'aventures pénibles pour expier des fautes commises durant ses vies antérieures. L'œuvre a été l'objet, dans les années 1920, d'une querelle littéraire : les confucianistes, au nom de la morale et des bonnes mœurs, condamnaient le roman, de même que les marxistes, qui y voyaient l'image d'une société féodale à rejeter – avant de célébrer le roman comme une « dénonciation du féodalisme bourgeois », lors du 200e anniversaire de l'auteur en 1965. Pour d'autres, au contraire, c'était une glorification de la piété filiale, de la bonté, de la fidélité. Tous les Vietnamiens s'accordent cependant pour célébrer le talent de l'auteur et louer la valeur artistique du roman.