Mori Rintaro, dit Mori Ogai
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain japonais (Tsuwano 1862 – Tokyo 1922).
Considéré, avec son contemporain Natsume Soseki, comme le plus grand écrivain de la littérature moderne au Japon, il fut un véritable pionnier dans divers domaines : non seulement roman et traduction (Caldéron, Lessing, Daudet, Strindberg, Ibsen, Rilke, et surtout Faust, Macbeth), mais aussi critique, poésie, théâtre, histoire et idéologie. Il remplit en même temps de hautes fonctions de l'État dans le domaine de la médecine, de la langue et de la culture. Enfant précoce, il étudie très jeune les classiques chinois et le hollandais. En 1872, son père l'emmène à Tokyo afin d'y apprendre l'allemand et, à 12 ans, Mori Ogai assiste aux cours préparatoires de la faculté de médecine de Tokyo, d'où il sortira diplômé à 19 ans. Il embrasse désormais une double carrière de médecin militaire et d'écrivain. En 1884, il est envoyé en Allemagne afin d'y étudier l'hygiène : durant quatre années de séjour, il fréquente les universités de Leipzig, Munich et Berlin, écrit et publie plusieurs thèses en allemand. Dès son retour au Japon (1888), il compose un recueil de poèmes traduits, intitulé Réminiscence (1889), chef-d'œuvre intemporel dont le style nouveau influença définitivement la poésie japonaise moderne. Il se signale ensuite par une nouvelle, la Danseuse (1890), qui rompt avec les procédés classiques du genre. Sa traduction de l'Improvisateur d'Andersen (1892) connaît également un grand succès. En 1909, année où il fonda la revue Subaru, commence enfin une période d'une grande fécondité littéraire : Vita sexualis (1909), interdite pour immoralité, le Jeune Homme (1910), stimulé par le roman analogue de Natsume Soseki, la Tour du silence (1910), pamphlet qui défend la liberté de penser, et l'Oie sauvage (1911), fondé sur l'analyse d'une âme en quête d'identité et de liberté. Son opposition au naturalisme l'incline peu à peu à défendre des valeurs et une culture proprement japonaise. Après la mort de l'empereur Meiji (1912), il donne une série de récits historiques : le Testament d'Okitsu Yayoemon (1912), la Famille Abe (1913), l'Intendant Sansho (1915), et le Takasebune (1916).