Michael Moorcock

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain britannique (Mitcham, Surrey, 1939).

Écrivain, musicien, rédacteur en chef, scénariste de films et de bandes dessinées, Michael Moorcock est un personnage aux facettes multiples dont l'œuvre témoigne pourtant d'une profonde cohérence. Il est le père, dans la veine de Conan de Howard, du personnage d'Elric le Nécromancien, héros peu conformiste se voulant non le champion de l'Ordre, mais le pion du combat éternel entre Ordre et Chaos. Elric préfigure les autres personnages de l'écrivain autour desquels se tisse un système complexe de cycles liés entre eux par une savante machinerie de passages secrets : Hawkmoon, Corum, Erekosë, Bastable, Glogauer. Moorcock prend la direction d'un magazine de science-fiction jusque-là assez conventionnel, New Worlds, pour en faire le symbole du refus du « philistinisme » et le support d'une vague nouvelle d'auteurs et de récits se situant « au carrefour fertile de la S.-F. populaire, de la science et des œuvres de la littérature et de la peinture d'avant-garde ». C'est dans ce contexte que survient Jerry Cornelius, tentative de création d'un « mythe spontané » (le Programme final, 1968 ; l'Assassin anglais, 1972 ; En avant la muzak, 1977). Le thème de l'immobilisme, qui permet d'échapper au principe entropique et à ses conséquences, domine le cycle Cornelius (The Entropy Tango, 1982), mais on le retrouve aussi dans les Danseurs de la fin des temps (Une chaleur venue d'ailleurs, 1972 ; les Terres creuses, 1974 ; la Fin de tous les chants, 1976 ; Légendes de la fin des temps, 1976) : des êtres blasés y évoluent dans une sorte d'apesanteur romantique où la dialectique même de l'existence compte si peu que la vie y ressemble à la mort. Dédaignant ensuite la science-fiction, Moorcock amorce avec Byzance 1917 (1980) un cycle historique qui évoque, dans un autre contexte, tous les thèmes chers à l'auteur – montée et déclin des villes, anarchisme, pouvoir de l'homme sur sa destinée (The Opium General, 1984).