Marc Aurèle

en lat. Marcus Aurelius Antoninus

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Empereur romain (Rome 121 – Vienne 180).

Il étudia la rhétorique avec Hérode Atticus et surtout Fronton, qui devint son ami (il lui adressa une correspondance en latin) et, tout jeune (il revêtit le manteau du philosophe en 133), embrassa le stoïcisme. Empereur (161) pacifique et économe, il dut soutenir des guerres sur tous les fronts (contre les Parthes, les Arméniens, les Germains, les Quades, les Sarmates) et leva des emprunts forcés. Soucieux de l'effort, du mérite et de la maîtrise de soi, il laissa, contre la pratique de l'adoption chère aux Antonins, le pouvoir à son fils Commode, dont il connaissait les passions et la brutalité. Prêchant l'humanité et la tolérance, il vit son règne marqué par les persécutions contre les chrétiens (Rome en 163 : saint Justin ; Lyon en 177 : sainte Blandine). C'est en grec qu'il écrivit ses Pensées (Ta eis eauton : « À soi-même »). Ces méditations sur la vanité des choses terrestres (Tertullien trouvait dans leur auteur un penchant naturel au christianisme) sont en réalité moins le journal d'une âme qu'un « cahier d'exercices stoïciens », analogue à ce que seront les Exercices spirituels d'Ignace de Loyola. Pessimisme, nostalgie et compassion marquent un itinéraire qui se poursuit sur une difficile ligne de crête entre la tentation de l'absurde et l'acceptation de la fusion dans l'être unique, corps et âme, du monde.