Ménélik II
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Empereur d'Éthiopie (Ankober 1844 – Addis-Abeba 1913).
Ce conquérant qui, en 1886, l'emporta sur Rimbaud dans un douteux trafic d'armes est le héros d'une chronique, la Chronique de Ménélik II, qui s'inscrit dans la longue tradition des chroniques royales, à peu près ininterrompue depuis le xive s. Histoire officielle du règne, composée sur l'ordre et sous la surveillance du souverain (et peut-être plus encore de l'impératrice Taïtu), c'est un récit strictement chronologique, consacré principalement aux événements de la cour et aux conquêtes militaires, avec le ton souvent emphatique et les références religieuses ornées de citations bibliques habituels dans ce genre de récit. L'auteur, l'alaqa Gabra Sellâsê (vers 1850-1855-1912), était un ecclésiastique formé aux disciplines traditionnelles. Il est remarquable que la chronique ne fasse nullement mention de tout l'aspect moderniste du règne et des contacts avec les Européens, sauf pour la longue description de la bataille d'Adoua (1896). La nouveauté, c'est l'emploi de l'amharique à la place du guèze. C'était déjà le cas des chroniques de Théodore, mais elles étaient plus brèves et n'avaient pas le même caractère officiel ; la Chronique de Ménélik II constitue le premier monument important de la littérature amharique moderne. Cependant l'ouvrage, conformément à la tradition, resta en manuscrit pour l'usage de la Cour et des milieux lettrés. Il ne fut imprimé et diffusé en Éthiopie qu'en 1966. Mais, dès 1922, au moment où l'Éthiopie cherchait à se faire reconnaître une place dans le concert des nations (elle entra à la S.D.N. en 1923), l'impératrice Zawditu avait autorisé le ministre de France, Maurice de Coppet, à en faire faire une traduction qui parut à Paris en 1930 : c'est donc en français que l'œuvre fut d'abord publiée.