Louisiane

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Peuplée originellement de Français (Créoles, puis descendants d'Acadiens déportés de Nouvelle-Écosse par l'Angleterre en 1755), la Louisiane a produit de nombreuses œuvres littéraires en français. Aux trois brèves poésies officielles (1777-1779) de Julien Poydras, écrites sous le régime espagnol, et à la tragédie de Leblanc de Villeneufve (Poucha-Houmma) en 1814, succédera un Essai historique (1831) de Charles Gayarré, refondu, en 1846, sous le titre d'Histoire de la Louisiane. Des chansonniers, comme Montmain, Anson, Alexandre Magnin, et des lyriques, comme Tullius Saint-Céran, Jean Duperron, Constant Lepouzé, caractérisent cette époque encore préromantique. L'élégiaque Alexandre Latil, qui meurt lépreux (les Éphémères, 1841), et le satirique Félix de Courmont (le Taenarion, 1846) prolongent la même veine. Mais les frères Adrien et Dominique Rouquette lancent l'idée d'une littérature nationale, suivis par Oscar Dugué (Essais poétiques, 1847) ; des hommes de couleur publient l'Album littéraire (1843) et les Cenelles (1845) ; Auguste Lussan, Placide Canonge, le mulâtre Victor Séjour, qui fait carrière à Paris, cultivent le drame romantique ou le mélodrame. Des romanciers imitent les feuilletons d'Alexandre Dumas ou d'Eugène Sue : ce sont surtout des réfugiés français, notamment Alexandre Barde et Charles Testut (le Vieux Salomon, 1872). De leur côté, les Louisianais de naissance, comme le mulâtre Séligny, ou d'adoption, comme Amédée Bouis, Xavier Eyma, tentent d'intéresser le public de France au Nouveau Monde. Après la guerre de Sécession, le recul du français est ralenti grâce à l'équipe de la Renaissance louisianaise, puis à celle de l'Athénée louisianais, que fonde Alfred Mercier en 1876 et dont les Comptes rendus offrent un moyen d'expression aux écrivains, comme les frères Edward ou Georges Dessommes. Lemercier Du Quesnay écrit, en 1892, des Essais poétiques et littéraires, et Mme de La Houssaye clôt la liste par un roman-fleuve, les Quarteronnes de La Nouvelle-Orléans (1894-1898). Faute d'un public suffisamment étendu, la littérature franco-louisianaise s'éteint vers 1900. On estime aujourd'hui que, sur un million de Cadiens en Louisiane, environ 300 000 sont encore francophones à des degrés divers. Le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), fondé en 1967, a obtenu que le français soit reconnu comme deuxième langue officielle et réintroduit dans l'enseignement primaire ainsi qu'à la radio et à la télévision. Plus récemment, la fondation d'Action cadienne, créée en 1995, les travaux des folkloristes et des linguistes de l'université de Lafayette et les publications de plusieurs musiciens et poètes comme Zachary Richard (Voyage de nuit, 1990 ; Faire récolte, 1997), Jean Arceneaux (Suite du Loup, 1998) ou David Chéramie (Lait à mère, 1997), permettent l'espoir d'un renouveau.