Leonid Nikolaïevitch Andreïev
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain russe (Orel 1871 – Mustamäggi, Finlande, 1919).
Assombrie par la mort du père et par plusieurs tentatives de suicide, la jeunesse d'Andreïev est marquée par l'influence de Schopenhauer, dont il partage le pessimisme : le jeune écrivain, que Gorki soutient à ses débuts (Bargamot et Garaska, 1898) et qui se veut « l'apôtre de l'auto-anéantissement », voit en effet la vie comme ce Mur (1901) que des lépreux essaient en vain d'escalader. La mort et la sexualité sont deux motifs récurrents par lesquels se révèlent les Ténèbres (nouvelle de 1907) qui nous habitent, ce Gouffre – pulsions inconscientes, animales – qui donne son titre à un récit célèbre (1902) où l'écrivain décrit le trouble sensuel d'un jeune homme devant le corps inerte de sa bien-aimée qui vient d'être violée. La fascination pour la mort s'amplifie d'échos politiques dans le Gouverneur (1906), où le héros ne peut s'empêcher, au prix de sa vie, d'errer près des cadavres des ouvriers sur lesquels il a fait tirer ; la thématique révolutionnaire est présente aussi dans les Sept pendus (1908), qui narrent les derniers instants de terroristes condamnés à mort, ou dans Vers les étoiles (1906), la première pièce de théâtre achevée d'Andreïev, qui marque chez lui un tournant vers l'écriture dramatique. En 1907, la Vie de l'homme, mise en scène par Stanislavski puis par Meyerhold, inaugure une série de drames philosophiques (les Masques noirs, 1908 ; Anathème, 1909) consacrés à l'absurdité de l'existence, l'impuissance de la raison, le pouvoir des forces obscures. Andreïev revient ensuite à une écriture plus réaliste et intimiste (Ekaterina Ivanovna, 1913 ; Celui qui reçoit les gifles, 1915). Partisan de la révolution de Février, il redoute cependant le déferlement de violence que laisse présager l'arrivée des bolcheviques au pouvoir et lance, de Finlande, où il finira ses jours, son célèbre SOS aux puissances occidentales.