Viktor Vladimirovitch, dit Velimir Khlebnikov

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète russe (Tundutovo 1885 – Santalovo 1922).

Élevé dans une famille cultivée, il se consacre alors qu'il est encore étudiant à découvrir les « lois du temps », qui réguleraient la récurrence des événements historiques. Proche un moment des symbolistes, il est l'un des initiateurs du futurisme : il participe aux manifestes, et son recueil la Conjuration par le rire (1910) est souvent considéré comme la première œuvre futuriste. Ce poème, écrit sur une seule racine, développée en néologismes, est le premier pas de Khlebnikov dans l'élaboration du « zaoum », ou « langage transmental » : il s'agit de retrouver les pouvoirs du langage premier, en reconstruisant, à partir des cellules minimales des langues empiriques, dégagées de leur signification, une langue universelle. Des procédés comme la dérivation ou la paronomase sont des adjuvants précieux et occupent comme tels une place de choix dans l'écriture de Khlebnikov. S'articulant avec ses recherches sur le temps, cette conception linguistique devient le centre d'un système de nature scientifique. Profondément antimilitariste (la Guerre dans la souricière, 1919), il salue avec joie la révolution (Perquisition de nuit, 1918 ; Nuit avant les Soviets, 1921) et y voit l'avènement de l'harmonie universelle à laquelle il aspirait (Ladomir, ou « le Monde de concorde », 1920 ; les Tablettes du destin, 1922). Zanguezi, pièce de 1922, apparaît comme la somme de ses recherches. Khlebnikov meurt d'une septicémie après des mois de pérégrinations en Perse, avec l'Armée rouge.