John Hawkes
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain américain (Stamford, Connecticut, 1925 – Providence, Rhode Island, 1998).
Son œuvre, qui tient à la fois de Kafka et de Buñuel, joue tour à tour de la terreur et de l'ironie. Inaugurée dans le cadre apocalyptique de l'Allemagne de l'« année zéro » (le Cannibale, 1949), la série de ses romans brise avec la tradition réaliste pour évoquer des faits de la banalité quotidienne, sur le rythme du cauchemar éveillé : vol d'un cheval de course (le Gluau, 1961), libertinage dérisoire de couples croisés (les Oranges de sang, 1972), suicide d'un automobiliste (Mimodrame, 1976). Pour Hawkes, l'œuvre d'art est une agression, un crime dans un monde « insulaire » et schizophrénique, où la dégradation du moi s'exprime sur le mode de la pastorale (Cassandra, 1963) et où le déchirement de la personnalité nourrit une écriture éclatée (la Mort, le sommeil et un voyageur, 1974). L'art n'a plus l'ambition de récuser la mort et l'angoisse, mais simplement de les apprivoiser (l'Homme aux louves, 1979 ; les Deux Vies de Virginie, 1981 ; Aventures dans le commerce des peaux en Alaska, 1986 ; le Photographe et ses modèles, 1988).