Jeune-Allemagne

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Mouvement littéraire allemand des années 1830-1848. Ce mouvement est défini par un décret qui l'interdit en 1835 pour atteinte « à l'ordre social et aux bonnes mœurs », et non constitué par une adhésion explicite de ses membres : H. Heine, K. Gutzkow, H. Laube, L. Wienbarg, T. Mundt et L. Börne, généralement considéré comme leur chef de file. En réaction contre le classicisme et le romantisme, et sous l'influence des révolutions de 1830, la Jeune-Allemagne prêche l'engagement, adopte les formes d'expression du journalisme, conteste l'autorité des gloires littéraires (Goethe, Tieck, Schlegel) et philosophiques (Hegel, Schelling), renoue avec l'esprit de l'Aufklärung et s'inspire de la jeune littérature française et du saint-simonisme. Tout en affirmant son patriotisme, elle a critiqué l'Allemagne de la Restauration, l'immobilisme des monarchies comme le chauvinisme des corporations d'étudiants et d'une partie du mouvement nationaliste. Appelant de ses vœux une réforme globale de la société et des mentalités, elle plaide pour le droit de chacun à l'aisance et au plaisir, pour la « réhabilitation de la chair » et l'émancipation de la femme. Le style allusif imposé à ses représentants par la censure, le lien étroit de leur production avec l'actualité du Vormärz, une certaine trivialité aussi – inhérente à leur programme – expliquent le caractère éphémère de leurs succès, à l'exception de celui de Heine.